Le peintre German Marcos avait en tête de créer un "tableau vivant" qui rapprocherait les immigrants et les Québécois de souche. En ouvrant le Sud Café, hier, à l'angle des rues Racine et du Havre à Chicoutimi, son oeuvre est en train de prendre forme.

"Je voulais qu'on entre dans le café comme on entre dans un tableau", explique le Péruvien d'origine, qui s'est installé à Chicoutimi il y a 13 ans après un bref passage à Sherbrooke. Au Sud Café, chaque client devient un personnage de cet oeuvre au décor éclectique. "À travers les couleurs, la lumière et le décor, je voulais une harmonie pour recréer le sud", explique l'artiste, copropriétaire du café avec Suzanne Bluteau.

Mais si le décor est du sud, l'atmosphère doit permettre de faire le pont avec le Saguenay-Lac-Saint-Jean. "C'est un lieu à vocation d'intégration, poursuit M. Marcos. Nous voulons donner une fenêtre aux Québécois pour qu'ils voient les réalités des gens qui viennent s'installer ici."

Afin de favoriser cette cohabitation, la moitié des employés du Sud Café sont issus de l'immigration, alors que l'autre est pure laine québécoise.

L'établissement se veut à la fois un café, un dépanneur et l'atelier de peinture de German Marcos.

Côté cuisine, le Sud Café sert des mets issus pour la plupart de pays du sud, essentiellement d'Amérique latine, d'Espagne, d'Italie, du Maroc et du Moyen-Orient.

German Marcos a également voulu donner une touche régionale à l'établissement en confectionnant l'enseigne extérieure entièrement en aluminium.

Suzanne Bluteau est celle qui gère l'aspect financier. Elle mise beaucoup sur le côté idéologique de son commerce. "Nous travaillons pour une société unifiée dans la diversité. Il y a une idéologie pour la paix derrière ça."

Un an en affaires

Le duo Bluteau-Marcos s'est connu alors que le peintre effectuait une performance artistique à l'Hôtel Chicoutimi il y a trois ans. C'est ainsi qu'est né le Sud Projet, premier nom de leur café, ouvert en juin 2007 au même endroit. Petit à petit, le concept s'est développé pour aboutir à des rénovations en profondeur et à l'ouverture du Sud Café.

Après un an en affaires, M. Marcos dresse un bilan "très très positif. On est beaucoup fréquenté par des immigrants, ils se sentent en confiance".

Le propriétaire de l'édifice, Jean Laflamme, voulait depuis longtemps donner une image "hors de l'ordinaire" à ce bâtiment ancien, lié à l'histoire de sa famille. Le 317 Racine Est a été construit en 1944 au coût de 65 000$ grâce à une dérogation du gouvernement. Puisqu'ils confectionnaient des uniformes de soldat, les Maîtres Tailleurs Laflamme ont eu la permission de soustraire trois hommes au service militaire et d'utiliser du métal pour la construction, matériau habituellement réservé à l'effort de guerre.