La violente agression de combattants extrêmes survenue dimanche à Gatineau ravive le débat sur ce sport déjà controversé. Le milieu jure qu'il s'agit d'un cas d'exception. Et la Régie des jeux, elle, rejette l'idée d'interdire ces combats.

«C'est la première fois que j'entends parler d'une chose comme ça. Et c'est dommage, parce que cet événement-là ne risque pas d'aider la cause des combats extrêmes», se désole Georges St-Pierre, champion mondial de l'Ultimate Fighting Championship.

L'événement en question, c'est une agression survenue au petit matin, dimanche, dans un hôtel du secteur Hull, à Gatineau.

Vers 4 h, neuf suspects ont fait irruption dans une chambre du huitième étage de l'hôtel Best Western. Sept personnes s'y trouvaient, dont plusieurs participants d'un gala de combats extrêmes tenu la veille dans un aréna de Gatineau.

Les agresseurs ont alors fracassé des bouteilles de bière sur la tête des victimes. Plusieurs ont également reçu des décharges de pistolet Taser, bien que cette arme soit interdite au Canada. Les suspects ont alors pris la fuite : ils étaient toujours recherchés par la police de Gatineau, hier.

Quant aux blessés, deux d'entre eux ont été conduits à l'hôpital. Le combattant Claude Patrick, 28 ans, de Mississauga, en Ontario, est resté dans un coma provoqué plusieurs heures. L'homme originaire de la Jamaïque, qui défendait son titre de super-léger samedi soir, a repris conscience, hier, et les médecins ne craignaient pas pour sa vie.

Quant à l'autre victime, il s'agit selon nos sources de Pete Rodley, le promoteur du gala de samedi. «Il se porte très bien, a assuré hier sa ménagère, Laura Hillson. Il a seulement eu un oeil au beurre noir.»

Règlement de comptes ?

Le lendemain des événements, la police de Gatineau avait mentionné que l'attaque serait liée à une dispute contractuelle. Un témoin a confié à Radio-Canada hier que Pete Rodley aurait refusé de payer un sous-traitant. Ce dernier aurait utilisé la violence pour obtenir son dû.

Rodley n'a pas rappelé La Presse, hier. «Aucun combattant de Freedom Fight (le nom du réseau de combats) ou athlète invité à mon spectacle ne font partie des personnes ayant commis ces agissements terribles», a-t-il écrit dans un bref courriel.

D'ici à ce que les enquêteurs fassent la lumière sur cette agression, les amateurs de combats extrêmes ont vivement défendu leur sport, hier. «Ça peut paraître surprenant, mais ces combats sont très amicaux, très polis», assure Robin Black, un des athlètes ayant combattu samedi soir à Gatineau. «C'est un incident isolé, croit le champion Georges St-Pierre. Si les personnes agressées étaient impliquées dans des choses louches, ce n'est pas à cause du sport.»

La Régie des alcools, des courses et des jeux, qui supervise les tournois de combats extrêmes depuis 1998, balaie d'un revers de main l'idée de bannir ces combats. «Si ce n'était pas contrôlé, Dieu sait ce qu'il pourrait arriver, croit le porte-parole de la Régie, Réjean Thériault. Et la manifestation de samedi s'est très bien passée, comme d'habitude.»

Au Canada, les combats extrêmes, où presque tous les coups sont permis, sont autorisés au Québec, en Alberta et en Colombie-Britannique. Le gala de samedi s'est d'ailleurs tenu à Gatineau plutôt qu'à Ottawa pour ces raisons. La chaîne TQS envisage de présenter ce sport sur ses ondes dès l'automne.