Quel est le mobile du meurtre? La question était sur bien des lèvres, hier, au lendemain de l'arrestation de Marie-Jeanne Gendron, accusée d'avoir tué son compagnon, Michel Dugas. C'était un couple tranquille... avec ses petits problèmes.

Ils se sont rencontrés à la fin des années 70. Michel Dugas, propriétaire d'une brasserie à Matane, avait embauché Marie-Jeanne Gendron comme serveuse.

Chacun avait un enfant en bas âge issu d'un autre mariage, lui une fille, Karine, et elle un fils, Yannick Isabelle.

Ils ne se sont jamais mariés et n'ont pas eu d'autre enfant mais, quelques années après leur rencontre, ils ont acheté une maison à Saint-René-de-Matane, un village de 1100âmes situé à 25km au sud-est de Matane.

Michel Dugas et Marie-Jeanne Gendron n'ont aucun passé criminel... mais chacun avait ses défauts.

Fils d'épicier, Michel Dugas provient d'une famille de cinq enfants de Matane. Bon vivant, il avait des problèmes de consommation d'alcool, confirment plusieurs sources. Il lui arrivait de lever la main sur sa conjointe, confie la famille de cette dernière.

«Avant tout, c'était un homme au grand coeur, un boute-en-train. Quand notre père est mort, en 1993, c'est lui qui a pris le lead de la famille», confie son frère, Daniel Dugas.

Marie-Jeanne Gendron, pour sa part, est née à Chandler, près de Gaspé, dans une famille de 13 enfants. Elle a été serveuse une bonne partie de sa vie mais travaillait comme éducatrice dans une garderie de Mont-Joli depuis quelques années.

La femme de 53 ans était connue au village pour avoir des problèmes de jeu compulsif, ont confié plusieurs sources. «Demandez à n'importe qui au village: elle était souvent devant les machines de vidéopoker», indique Claude Richard, un ami de la famille.

Depuis quelques mois, elle avait loué sa maison à Saint-René-de-Matane pour aller vivre avec son fils unique, Yannick, pêcheur de crevettes de 33 ans.

«Marie, c'était une femme douce, une personne qui donnerait son coeur. Elle était toujours de bonne humeur. Elle avait peut-être des problèmes, mais on ne le savait pas», confie sa soeur, Lucie Gendron.