Le juge Serge Laurin rendra son verdict aujourd'hui dans le cas de Brook Makara, que la Couronne veut faire identifier comme délinquant à contrôler.

Le juge Serge Laurin rendra son verdict aujourd'hui dans le cas de Brook Makara, que la Couronne veut faire identifier comme délinquant à contrôler.

Hier, la Couronne a fait entendre trois prisonniers et une agente correctionnelle venus témoigner contre Makara, qui se défendait seul. Les deux parties ont également fait leur plaidoyer.

Colères

La tension était palpable au palais de justice de Gatineau lors des procédures. Trois agents de sécurité et trois constables spéciaux ont assuré la sécurité de la cour, l'accusé étant reconnu pour ses sautes d'humeur régulières.

Hier n'a pas fait exception. À plusieurs reprises, Makara a interrompu les témoins et la procureure de la Couronne, Me Lori Ibrus, faisant usage d'un ton agressif. Le juge attaché au dossier a même dû suspendre les audiences pour 30 minutes en milieu de matinée, Makara devenant hors de lui.

Le premier témoin appelé à la barre, Michel Martineau, un détenu, a raconté à la cour que Makara l'aurait fait venir dans sa cellule pour lui dire que s'il était un jour déclaré délinquant à contrôler, qu'il s'en prendrait sexuellement et physiquement à Roxanna Sura, une agente correctionnelle.

Makara s'est appliqué à attaquer la crédibilité du témoin, qui a passé plus de 23 ans en prison pour diverses infractions, dont des crimes impliquant des enfants. "Cet homme a écrit des lettres d'amour à une agente correctionnelle et il me décrit comme quelqu'un de sexuellement perverti", s'est exclamé au juge l'accusé lors de l'une de ses envolés colériques.

Robert Lahaie et Robert Morissette, deux autres détenus ayant connu Makara en prison, ont également révélé à la cour que l'accusé a fait de nombreuses menaces contre Sura.

"C'est un homme qui n'a aucun contrôle sur ses émotions, raconte Lahaie. Par exemple, lorsqu'il voit la photo d'un noir dans le journal, il va frapper la photo."

Agente "intimidée"

Makara a montré son impatience une fois de plus à ce sujet. L'accusé avait déjà frappé Lahaie au visage parce que ce dernier avait fermé une fenêtre en prison. "Si j'étais quelqu'un qui perd le contrôle, je t'aurais défoncé le crâne à la place", s'est permis de dire Makara lors du contre-interrogatoire.

L'agente correctionnelle Sura a fait preuve de sang-froid lors de son témoignage. Elle a dit à la cour qu'elle se sentait intimidée par le comportement de l'accusé.

"Il me suivait continuellement, raconte Sura. Je lui ai demandé d'arrêter, mais il continuait. Je n'aimerais pas le rencontrer dans la rue. Il n'est pas capable de se faire dire 'non'."

Lors de son plaidoyer, Makara a admis être un homme fâché, comme il s'en trouve plusieurs à l'intérieur des murs d'un établissement pénal.

"Je suis fâché, je suis en prison et je suis un homme colérique. J'ai dit des choses lorsque j'étais en colère, mais ce n'est pas illégal d'être furieux en prison", a ajouté l'accusé.

bmichaud@ledroit.com