Les agriculteurs du Québec poussent un soupir de soulagement. La rencontre des ministres de l'Agriculture du Canada ne s'est pas soldée par la ratification d'un nouvel accord sur le commerce intérieur. Ils auront jusqu'à l'automne pour faire entendre leurs revendications en faveur du maintien de la spécificité des produits québécois.

Au milieu de la semaine, l'Union des producteurs agricoles et la Fédération des procureurs de lait du Québec ont sonné l'alarme et dénoncé une version préliminaire de l'accord sur le commerce entre les provinces. Ils affirmaient qu'il compromettrait le pouvoir du Québec de réglementer l'étiquetage et la composition des aliments.

Hier, le ministre de l'Agriculture du Québec, Laurent Lessard, a calmé leurs inquiétudes. Il a indiqué qu'aucun traité ne sera signé avant le 31 octobre et que des modifications seront apportées au document d'ici là, particulièrement sur les questions de la gestion de l'offre des produits et de la mise en marché collective. «Nous avons entendu les producteurs et nous avons convenu de poursuivre les consultations», a indiqué l'attaché de presse du ministre, Frédérick Lagacé.

«Laurent Lessard a manifestement réussi à convaincre ses homologues provinciaux que la présente version de l'accord était inacceptable», s'est réjoui le président de l'UPA, Christian Lacasse. Québec nie toutefois qu'une mésentente entre les provinces ait forcé le report de la signature de l'accord : «Nous n'en étions qu'au stade des discussions», a affirmé M. Lagacé. Les enjeux sont grands : les échanges commerciaux entre le Québec et les autres provinces dépassent les six milliards de dollars annuellement.

Nouvelle politique agricole

La rencontre n'a pas été stérile puisqu'elle a permis la signature de la nouvelle politique agricole canadienne, après deux années d'intenses négociations. Cette entente prévoit que les gouvernements fédéral et provinciaux investiront 1,3 milliard de dollars en cinq ans dans divers programmes de soutien aux agriculteurs, dont les modalités feront l'objet de négociations bilatérales au cours des prochains mois. Les producteurs québécois pourraient toucher jusqu'à 23 millions de dollars.

Québec estime avoir réalisé des gains importants dans cette nouvelle mouture de la politique, intitulée Cultivons l'avenir. La gestion de l'offre, un enjeu crucial pour les producteurs de lait, d'oeufs et de volaille, y serait mieux définie, et l'accès aux programmes d'indemnisation, assouplie. «Les programmes mis en place par chaque province seront mieux reconnus», a assuré M. Lagacé.

L'UPA a indiqué hier qu'elle commentera plus tard, après une lecture attentive, cette nouvelle politique. La Fédération canadienne de l'agriculture a de son côté regretté l'absence d'une régie de compensation des pertes aux éleveurs de bétail.