Le premier ministre, Stephen Harper, a clos son sommet du G8 aujourd'hui au nord du Japon avec la conviction que les pays industrialisés avaient fait des avancées considérables sur plusieurs fronts, en particulier sur celui des changements climatiques.

«Les leaders du G8 ont réalisé des progrès considérables sur plusieurs fronts, a affirmé le chef du gouvernement en conférence de presse. Le point le plus important est le nouveau consensus sur les changements climatiques. Les États-Unis et la Russie se sont joints aux autres pays du G8 cette année afin d'accepter l'objectif de réduction mondiale des GES de 50% d'ici 2050.»

L'année dernière, au sommet allemand de Heiligendamm, les États-Unis et la Russie avaient refusé de s'engager aussi fermement.

«Ce que tout le monde comprend ici, a commenté le premier ministre, c'est que le prochain président des États-Unis aura une approche différente sur les changements climatiques que celle de la présente administration. Le sénateur McCain a élaboré une politique sur les changements climatiques très similaire à celle du gouvernement du Canada.

Et le sénateur Obama croit aussi que les États-Unis doivent faire partie de l'effort international, même si dans ce cas-ci le plan n'est pas encore bien défini. De toute façon - et même le président Bush le reconnaîtrait - je crois que les États-Unis ont changé de cap. Cela explique en partie la nouvelle volonté des Américains de fixer de nouvelles cibles à long terme.»

Par ailleurs, les membres du G8 n'ont pas connu le succès auquel ils s'attendaient auprès des pays émergents du MEM (Major economies meeting). Ces derniers, qui comprennent le G5 (Chine, Brésil, Inde, Afrique du Sud et Mexique) plus l'Australie, l'Indonésie et la Corée du Sud, ont rejeté l'invitation du G8 à se joindre à leur plan de réduire de 50% les émissions de gaz à effet de serre (GES) d'ici 2050. Ces pays estiment que les pays industrialisés du G8 sont les grands responsables de l'état actuel de la planète. Ils ne sont donc pas convaincus que leurs objectifs de réduction des émissions de GES soient suffisants.

Le communiqué final des seize principales économies de la planète - qui se sont réunies mercredi - était donc vague à souhait. Elles déclarent partager une «vision commune» sur la réduction à long terme des GES sans pour autant préciser l'ampleur des réductions auxquelles voudront consentir les pays émergents et sans non plus offrir de calendrier de mise en application.

Le premier ministre Harper a estimé hier que ce serait une erreur de la part de ces pays de jouer à l'autruche face à la réalité des changements climatiques; des changements, a-t-il dit, qui les affecteront les premiers. Il a d'ailleurs fait un lien entre la crise alimentaire - qui heurte d'abord les pays les plus pauvres -, la flambée du prix du pétrole et les changements climatiques.

«Le problème le plus fondamental, a-t-il dit, est la flambée du prix de l'énergie.

Franchement, je crois - même s'il y a plusieurs causes à l'augmentation du coût des denrées alimentaires - que la hausse du prix du pétrole est une cause majeure de l'augmentation du coût des aliments. (...) Laissez-moi répéter ce que j'ai dit souvent dans le passé. Je viens de la partie de notre pays qui produit de l'énergie. Tout indique qu'à long terme il va encore y avoir de fortes pressions à la hausse sur le prix du pétrole en raison de la croissance de la demande et de l'insuffisance des réserves. Or, au-delà des changements climatiques, c'est l'une des raisons pour lesquelles notre pays et le monde doivent développer des solutions de rechange crédibles aux hydrocarbures qui soient bon marché et accessibles à tous. Ce n'est pas seulement une question de changements climatiques, c'est aussi une question de sécurité énergétique.»

Malgré leur échec, les dirigeants du G8 n'ont cependant pas renoncé à tenter de convaincre les grandes économies émergentes de se joindre à leur plan de lutte contre les changements climatiques. Ils ont d'ailleurs invité à nouveau ces pays à poursuivre la discussion au prochain sommet du G8 l'année prochaine en Italie.