La tragédie routière qui a coûté la vie à sept adolescents et à une enseignante l'hiver dernier à Bathurst, au Nouveau-Brunswick, aurait-elle pu être évitée? Une série d'éléments dévoilés hier par la GRC et Transports Canada montrent du doigt la fatigue du conducteur et l'entretien du véhicule à bord duquel ils ont trouvé la mort.

La fourgonnette qui transportait 10 adolescents du Bathurst High School de retour d'un match de basketball, n'aurait pas passé le test si elle avait été inspectée par un mécanicien avant de partir le soir du 12 janvier, a déclaré la caporale Annie Neilson.

Un rapport rendu public hier par Transports Canada établit pour sa part que la fatigue du conducteur aurait joué un rôle crucial dans la tragédie qui a ébranlé la petite ville de Bathurst et touché les coeurs des gens partout dans le monde.

Le conducteur de la fourgonnette travaillait depuis près de 16 heures quand l'accident est survenu, selon l'auteur du rapport, Frank Wilson, de l'Université du Nouveau-Brunswick. «Les trois dernières heures de conduite ont eu lieu alors que la météo et les conditions routières n'avaient cessé de se détériorer.»

Le conducteur de la fourgonnette était le coach des jeunes joueurs de basketball. Sa propre épouse est morte dans l'accident.

La Ford Econoline F350 1997 roulait avec des pneus quatre saisons usés et craquelés à l'avant. Les fixations des freins à l'arrière étaient vieilles, et le réglage du frein arrière gauche ne fonctionnait pas. De plus, six des huit victimes ne portaient pas leur ceinture de sécurité.

Ce ne sont là que quelques-unes des faiblesses mises au jour par l'enquête de la caporale Neilson, de la Gendarmerie royale du Canada. Néanmoins, aucun de ces éléments ne permet de dire que l'accident aurait pu être évité: «Même dans une fourgonnette en bonne condition, rien n'assure qu'il n'y aurait pas eu de collision», a confirmé la caporale Neilson.

Le soir du 12 janvier, peu après minuit, la fourgonnette de 15 places est entrée en collision avec un semi-remorque qui roulait en sens inverse alors qu'elle était à cinq minutes du restaurant McDonald's où les parents des joueurs s'étaient rassemblés.

Les conditions routières étaient exécrables et l'enquête de la GRC a révélé que la fourgonnette roulait à 73 km/h dans une zone de 100 km/h au moment de l'accident.

Un directeur adjoint du district scolaire de Bathurst, John Kowtaluk, s'est dit «surpris» par les résultats du rapport et a dit que le district n'y réagirait pas avant quelques jours.

Le maire de Bathurst, Stephen Brunet, s'est dit, lui, convaincu que l'école n'avait rien à se reprocher. «Ce qui est arrivé est juste un immense et malheureux accident.»

Les parents des victimes ont préféré ne pas commenter le rapport hier, mais l'une d'elles, jointe par La Presse, cachait mal sa colère. Elle a dit ne pas vouloir parler avant d'avoir contacté son avocat.