Des artistes qui savent évoquer l'ailleurs, un public nombreux qui se densifiait à mesure que la soirée progressait et, prenons la peine de le souligner, un ciel chargé de nuages qui ont eu le bon goût de passer sans demander leur reste: tous les ingrédients étaient réunis, hier, au centre-ville de Chicoutimi, pour faire un succès de la soirée d'ouverture du Festival international des Rythmes du monde.

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L'amorce a été relativement discrète, alors qu'un peu après 19h, la formation équatorienne Imbayakunas a créé une atmosphère pleine d'étrangeté grâce à un élégant amalgame de cris d'oiseaux et de flûte de pan. Ça sonnait presque nouvel âge, l'authenticité en plus.

Les six membres du groupe se trouvaient sur la grande scène située à l'angle des rues Racine et Labrecque, mais les yeux fermés, on pouvait s'imaginer au coeur d'une forêt tropicale. Même quand les musiciens ont entrepris de forcer le trait, l'équilibre était parfaitement assuré entre le son éthéré des flûtes et le caractère plus "groundé" des guitares. Le ciel et la terre, en quelque sorte.

À l'autre bout de la Racine, près de Bégin, la deuxième scène attendait la visite de Taafe Fanga, un collectif québécois qui propose des airs traditionnels de la Guinée et du Sénégal. Inconnu d'à peu près tout le monde, il est parvenu à charmer les festivaliers en les travaillant au corps, ce qui n'a rien d'une métaphore lorsqu'on tient compte des décibels générés par ses percussions.

Son fond de commerce, ce sont les tambours et le djembe. Toutes les interprétations, ou presque, ont porté la marque de ces instruments sur lesquels les musiciens aiment taper avec abandon. L'effet devient quasiment hypnotique, une impression que renforce la présence de trois danseuses dont les mouvements sont si brusques, presque sauvages, qu'on se demande si elles ne sont pas entrées en transe.

Au début, l'accueil fut poli, mais comme ça arrive souvent à l'occasion du festival, les gens se sont enthousiasmés. Eux qui ont un faible pour les percussions, à en juger par leurs cris et leurs applaudissements, ne voulaient plus laisser partir le groupe, à la fin.

Il faut dire que les musiciens sont excellents et que si on fait abstraction de l'omniprésent djembe, les occasions d'entendre des instruments comme le balafon et le kora sont tellement rares qu'on les apprécie doublement. Le kora, dont le son fait penser à une guitare qu'on aurait croisée avec une harpe, a quelque chose de magique. Idem pour le balafon, ce drôle de xylophone qui en l'espace de quelques notes ramène le spectateur en Afrique.

Taafe Fanga a provoqué une telle onde de choc que plusieurs personnes dodelinaient de la tête, esquissaient des mouvements de danse, en attendant l'entrée en scène de Robert Dethier et de son Jam Experience. Invisibles, mais très audibles, quatre ou cinq spectateurs ont ajouté à l'atmosphère de fête en jouant du djembe dans la rue. Il ne manquait que la tête d'affiche de la soirée, qui est apparue sur le coup 22h12, très exactement.

Une attaque toute en percussions, une fois de plus, a mis la table en prévision de l'expérience que souhaitait tenter l'auteur d'"Insolita": un jam faisant intervenir une centaine de djembe.

Heure de tombée oblige, cependant, il a fallu quitter avant que ce projet ne se concrétise.