À la suite de l'hospitalisation d'un troisième enfant prétendument infecté par la bactérie E. coli en trois ans, les résidants du chemin du Fer-à-Cheval, dans le secteur Masson-Angers, exhortent la Ville de Gatineau de prioriser leur dossier pour qu'il n'ait plus à puiser leur eau directement de la rivière des Outaouais.

À la suite de l'hospitalisation d'un troisième enfant prétendument infecté par la bactérie E. coli en trois ans, les résidants du chemin du Fer-à-Cheval, dans le secteur Masson-Angers, exhortent la Ville de Gatineau de prioriser leur dossier pour qu'il n'ait plus à puiser leur eau directement de la rivière des Outaouais.

"Est-ce qu'on va attendre que quelqu'un meurt pour agir ?" a lancé Ginette Lemay, la présidente de l'Association des résidents du Fer-à-Cheval, qui demande depuis des années la construction d'un aqueduc dans son secteur.

Elle a expliqué qu'un enfant de six avait dû être hospitalisé pendant deux jours la semaine dernière pour une infection rénale et qu'il devrait se rendre à l'hôpital tous les jours cette semaine pour se faire administrer des antibiotiques par intraveineuse. "Les médecins ont dit qu'il était presque certain qu'il avait été infecté par l'eau, a-t-elle précisé. Une bactérie aussi forte ne pouvait venir de la nourriture."

Les citoyens, faute d'aqueduc - et donc d'accès à de l'eau potable comme il est aussi très difficile de construire des puits dans les environs -, doivent s'approvisionner en eau directement dans la rivière, notamment pour se laver.

"L'eau de la rivière est peut-être bonne la majorité du temps, mais elle ne l'est pas d'autres fois et c'est là que c'est grave, a noté Mme Lemay. À Ottawa, on interdit la baignade sur les plages parce que l'eau n'est pas bonne et nous, on doit se laver avec. On n'est même pas averti quand elle n'est pas bonne."

Qualité de l'eau

Cette situation illustre d'ailleurs un autre problème, dénoncé par l'organisme Sentinelle Outaouais : alors qu'Ottawa vérifie la qualité de l'eau de ses quatre plages quotidiennement, le ministère de l'Environnement du Québec, responsable des inspections à Gatineau, ne le fait qu'une fois par mois.

"Si l'eau n'est pas bonne à Ottawa, il y a de fortes chances qu'elle ne le soit pas sur l'autre rive, a indiqué la directrice générale de l'organisme, Meredith Brown. Prendre un échantillon une fois par mois ne donne pas un portrait fiable de la situation, qui change à tous les jours, surtout quand il pleut. Ça m'abasourdit de voir que des gens puisent encore de l'eau dans la rivière dans la quatrième région métropolitaine du pays"

L'organisme entend d'ailleurs demandé à la Ville de Gatineau de faire pression sur le ministère pour qu'il fasse des analyses plus fréquentes de l'eau des plages.

Personne à la Ville de Gatineau n'a retourné les appels du Droit hier à ce sujet.

Pour le secteur du Fer-à-cheval, le conseiller du district de Masson-Angers, Luc Montreuil, suggère à l'association de résidents de puiser dans la subvention qu'il leur verse de son budget discrétionnaire pour faire des analyses.

"Je suis bien au courant de la situation et je travaille sur le dossier depuis très longtemps, a-t-il assuré. En septembre, nous devrions avoir une révision de l'estimation des coûts pour la construction de l'aqueduc."

Facture salée

M. Montreuil dit toutefois craindre que la facture ne soit très salée et que le projet soit irréalisable sans subventions de la province et du fédéral. Il n'a pas voulu se prononcer sur l'inspection des plages de Gatineau, précisant simplement qu'il ne baignerait plus dans la rivière à Masson-Angers, même s'il l'avait fait enfant.

Les concentrations en E. coli et autres bactéries est généralement plus problématique les jours de pluie ou les suivants quand les eaux d'égouts et d'autres déchets poussés par la pluie sont déversées dans la rivière.

Le soleil des derniers jours a d'ailleurs été bénéfique, les quatre plages ottaviennes étant toutes jugées propices à la baignade pour une troisième journée consécutive.

La plage de l'île Pétrie, la plus touchée par les interdictions de baignades avec celle de Westboro, affichait d'ailleurs sa plus faible concentration d'E. coli de la saison.

cdube@ledroit.com