La libération de la Franco-Colombienne Ingrid Betancourt suscite différentes réactions au sein de la communauté colombienne expatriée, dont fait partie Raphaël Hermandez, établi depuis près de sept ans au Saguenay-Lac-Saint-Jean.

"Mercredi, nous avons fait la fête! Nous sommes très contents. Des otages ont été libérés, c'est une très bonne nouvelle, une preuve d'une plus grande liberté. C'est bon pour la Colombie. Mais c'est surtout bon pour le président Uribe! Il est maintenant vu comme un messie. Mais est-ce vraiment le cas?", souligne le Jonquiérois d'adoption, joint au téléphone.

Selon M. Hermandez, les efforts pour libérer d'autres otages doivent se poursuivre. "L'armée a libéré les personnes les plus importantes, des Américains, des Français, qui avaient des visas. Mais que va-t-il se passer avec les autres? Nous sommes très préoccupés pour les personnes moins importantes. Le gouvernement doit continuer la lutte avec la même intensité, comme si Ingrid Betancourt n'avait pas été libérée", poursuit M. Hermandez, qui a quitté la Colombie pour fuir la corruption économique et politique dans son pays, où il exerçait le métier de journaliste radio.

Ingrid Betancourt, détenue depuis plus de six ans, ainsi que quatorze autres otages, ont été libérés des mains des Forces armées révolutionnaires de Colombie mercredi par l'armée colombienne.

"La libération d'Ingrid Betancourt est une surprise pour tous les Colombiens d'ici que je connais, peu importe leur allégeance politique. Elle était comme un trésor. Nous croyions qu'elle serait la dernière que les FARC libéreraient!", renchérit le Colombien.

Après avoir échangé la veille avec quelques personnes d'origine colombienne, M. Hermandez affirme que tous se posent plusieurs questions sur la libération d'Ingrid Betancourt. "Nous avons encore besoin de beaucoup d'explications. Lorsqu'on voyait les images d'Ingrid Betancourt il y a quelques mois, elle était enchaînée et très malade. Après la libération, on s'attendait à la voir sortir sur une civière, à l'hôpital. Mais elle était en santé", affirme-t-il. Selon M. Hermandez, le gouvernement ne laisse pas tout filtrer dans cette affaire, particulièrement concernant l'opération menée par l'armée colombienne pour libérer les otages. "Les dirigeants ont donné l'explication la plus simple pour la libération", soutient M. Hermandez.

Raphaël Hermandez affirme que plusieurs autres problèmes restent à régler dans son pays d'origine. "Il y a beaucoup de Colombiens prisonniers des FARC qui méritent la liberté. Notre président, comme toujours, cache beaucoup de choses. Et tous les efforts politiques dans les dernières années ont été destinés à contrer la rébellion. Le gouvernement fait peu pour mettre fin à la corruption et donner des services à la population. J'espère qu'un jour tous les expatriés pourront retourner sans crainte en Colombie", révèle M. Hermandez.