Le gouvernement fédéral entreprendra la semaine prochaine une tournée de consultations auprès des provinces, des entreprises et des experts afin de décider quels types d'immigrants il doit privilégier pour répondre aux besoins du marché du travail.

La ministre responsable Diane Finley a expliqué jeudi qu'elle souhaitait «repérer les pénuries de main-d'oeuvre les plus critiques» et «définir le rôle de l'immigration pour pallier ces pénuries».

Les résultats des consultations serviront à élaborer des instructions pour les fonctionnaires chargés d'étudier les demandes d'immigration, et particulièrement celles provenant de travailleurs qualifiés.

En vertu d'une loi adoptée il y a quelques semaines, la ministre n'est plus obligée de traiter tous les dossiers dans l'ordre dans lequel ils lui parviennent.

La législation lui donne en effet le pouvoir de créer des «catégories» d'immigrants et de déterminer combien de personnes de chaque groupe peuvent être admises au pays chaque année.

L'objectif avoué de cette politique est de réduire le délai pour l'entrée au Canada. Le nombre de dossiers en attente atteint actuellement plus de 800 000 noms, comparativement à 50 000 au début des années 1990.

Ottawa soutient qu'il n'est pas question de fermer la porte aux demandeurs d'asile ou d'empêcher les regroupements familiaux.

«Cette approche sera bénéfique pour notre économie et aidera les nouveaux arrivants à mieux répondre aux besoins de leur famille», a répété Mme Finley dans un communiqué transmis en fin de journée.

Cet argument n'a cependant pas convaincu les groupes de défense des immigrants qui craignent que les nouvelles mesures n'entraînent de la discrimination.

Les dispositions enfouies dans la loi de mise en oeuvre du budget ont en outre été dénoncées par les partis d'opposition. Après avoir poussé les hauts cris, les libéraux ont néanmoins évité de faire tomber le gouvernement sur cette question.

Les changements auront moins d'impact au Québec qu'ailleurs au pays puisque la province sélectionne déjà la majeure partie de ses immigrants, dont les travailleurs qualifiés.

Les réunions de la tournée de consultation ne seront accessibles ni au public ni aux médias. Les personnes ou organisations qui n'ont pas été invitées pourront néanmoins faire parvenir leurs commentaires à la ministre par courriel d'ici la fin du mois de juillet.

En attendant les nouvelles instructions, les agents d'immigration continueront à traiter les demandes reçues avant le 27 février dernier, date d'entrée en vigueur de la législation.