L'ex-grand chef James Gabriel a déjà comparé Kanesatake à une poudrière. Le barrage routier érigé samedi sur la route 344 a renforcé sa conviction. Qu'il soit l'oeuvre d'adolescents en manque de sensations fortes ou d'une bande criminelle plus organisée, cet incident risque de se répéter rapidement, dit-il, annonçant un été chaud sur la réserve.

«Je suis certain que ce qui s'est passé va se reproduire encore bientôt, a déclaré James Gabriel en entrevue à La Presse. Ce type d'incident n'est jamais isolé.»

James Gabriel vit en banlieue d'Ottawa depuis qu'il a été contraint à l'exil en 2004, quand sa maison a été incendiée, mais plusieurs membres de sa famille vivent encore à Kanesatake. Les dernières nouvelles qu'il en a l'inquiètent. «Le gouvernement, la SQ, le nouveau conseil de bande n'ont pas les pouvoirs nécessaires pour empêcher ces actes de violence.»

«Je ne connais pas les gens qui sont derrière le blocage, ni quelles étaient leurs intentions, a relevé M. Gabriel. Mais souvent, dans ce genre d'incidents, il n'y a pas vraiment de revendications», ce qui les rendrait d'autant plus difficiles à prévoir et à endiguer.

James Gabriel se sentait pourtant encouragé par le fait que les dernières élections, il y a deux semaines à peine, se sont déroulées dans le calme. «C'était une bonne nouvelle. Ces périodes sont toujours tendues», a-t-il dit.

Le conseil se réunit

Le barrage de samedi doit faire l'objet d'une réunion extraordinaire du conseil de bande de Kanesatake ce matin.

L'incident semble refléter des tensions entre certains membres de la communauté - surtout des jeunes - et les policiers de la Sécurité du Québec, qui assurent la surveillance du territoire depuis 2004. Certains réclament le retour d'une force policière autochtone.

«La présence de la SQ sur la réserve n'est certainement pas la meilleure chose. Ça irrite bien du monde, a résumé samedi un Mohawk rencontré dans la réserve, qui a préféré taire son identité. Mais en attendant, on ne peut pas s'en passer. Sinon, on aura trop de problèmes, surtout avec nos jeunes.»

Hier soir, aucune accusation n'avait encore été portée dans cette affaire. La Presse n'a pu joindre le nouveau chef du conseil de bande, Paul Nicolas.