Le taux d'incinération des défunts dépasse les 80 % au Saguenay, selon l'Alliance funéraire du Royaume, une proportion qui est en constante augmentation.

"C'est une tendance lourde, pas seulement dans la région, mais partout au Québec", soutient Alain Girard, directeur général de l'Alliance funéraire du Royaume. "La proportion de crémation augmente chaque année de un ou deux pour cent, depuis 20 ans", ajoute Alain Leclerc, porte-parole de la Fédération des coopératives funéraires du Québec. Selon les chiffres de l'Alliance funéraire concernant les mises en terre à Chicoutimi, l'inhumation des cercueils a diminué de cinq pour cent depuis 2005 et celle de cendres a augmenté de plus de quatre pour cent.

Betsy Gravel, de la résidence funéraire Gravel & Fils, note la même proportion de plus de 80 % d'incinérations. Cette tendance varie toutefois d'un endroit à l'autre dans la région. "La crémation est plus populaire au Saguenay qu'au Lac-Saint-Jean et dans le Bas-Saguenay, où l'inhumation du corps reste importante", souligne-t-elle. David Larouche, de la maison funéraire Hébert et fils, note un pourcentage de crémation allant de 40 à 50 % dans ses établissements qui desservent le Lac-Saint-Jean. Cette entreprise a ouvert, en 2003, le premier four crématoire du Lac-Saint-Jean, à Roberval. La maison funéraire Marc Leclerc en a ouvert un deuxième, l'an dernier, également à Roberval.

Toutefois, selon M. Girard, le Saguenay-Lac-Saint-Jean reste très traditionnel en ce qui concerne les funérailles et l'exposition des défunts, comparativement aux agglomérations comme Québec et Montréal. "Dans les grands centres, il y a de plus en plus de complexes où tout se déroule dans la même salle. Tout se fait souvent en un jour. L'exposition est moins fréquente. Le taux d'incinération directe, sans rites funéraires, est aussi plus élevé. Ici, les rites durent souvent trois jours et l'exposition reste très populaire", résume-t-il. Selon Jocelyne Ferland, directrice des opérations à l'Alliance funéraire du Royaume, il y aurait encore là une différence marquée entre le Saguenay et le Lac-Saint-Jean. Les funérailles traditionnelles et l'inhumation du cercueil seraient plus fréquentes au Lac-Saint-Jean.

L'exposition du corps ou de l'urne reste un choix privilégié. "L'incinération directe, sans funérailles ou exposition du corps, représente seulement de sept à huit pour cent des cas", rapporte Alain Girard. "Quand l'incinération a commencé dans les années 1980, c'était un mode de disposition direct du corps, sans exposition: une réaction au rite traditionnel. Mais les gens se sont rendus compte qu'il manquait une occasion de se rassembler après le décès pour vivre le deuil. Maintenant, dans une grande proportion des cas, les gens louent un cercueil pour les funérailles et l'exposition, pour ensuite faire incinérer le corps du défunt", poursuit M. Leclerc.

Moins cher

Selon M. Girard, le coût moindre de la crémation est la principale raison de sa popularité. "Le coût de l'inhumation du cercueil, incluant l'exposition et les rites religieux préalables dépasse toujours les 5000 $. L'incinération coûte, quant à elle, entre 2000 $ et 3000 $", mentionne-t-il.

Les entreprises funéraires savent tirer profit de la demande pour la crémation des défunts. "L'apparition de l'incinération et sa popularité se traduisent en une baisse de revenus pour les entreprises funéraires. Les urnes, la location d'un espace au columbarium et les reliquaires sont apparus, en partie, pour compenser cette perte de revenus", affirme M. Leclerc. Une urne de qualité peut s'avérer aussi dispendieuse qu'un cercueil.

Le manque d'espace dans les cimetières et l'apparition des columbariums constituent d'autres facteurs favorisant la crémation, selon Betsy Gravel. "Dans les grandes villes, le problème d'espace est particulièrement important", souligne-t-elle.

Urne ou cercueil?

Le taux d'incinération à Saguenay est de 80 %

Au Lac-Saint-Jean, la tendance se situe entre 40 et 50% en faveur de la crémation.

Les funérailles traditionnelles et l'inhumationducercueil seraient plus fréquentes au Lac-Saint-Jean et au Bas-Saguenay.

Le rituel d'exposition dans la région dure souvent trois jours alors que dans les grands centres,les rites funéraires sont en baisse importante. On y privilégie l'incinération directe, sans exposition.