Le maire de Mirabel, Hubert Meilleur, s'est réjoui dimanche du choix de sa ville comme lieu d'assemblage final de la nouvelle série d'avions de la CSeries de Bombardier.

Une nouvelle usine sera construite et quelque 1300 emplois doivent être créés.

«Nous nous devions au Québec de conserver ce créneau, a dit M. Meilleur. C'est un créneau d'avenir pour l'ensemble de ma communauté et pour nos travailleurs. Cela vient confirmer le pôle de développement aéronautique à l'entour du grand site aéroportuaire de Mirabel.»

Le maire de Mirabel a imputé cette décision à un travail «d'équipe».

«Quand on arrive dans des années difficiles au niveau du développement économique, tout le monde met l'épaule à la roue pour essayer d'attirer chez eux des projets d'envergure comme celui de Bombardier. Mais je crois que la main-d'oeuvre qui est dans la région des Basses-Laurentides, dans la région de Montréal, au chapitre du développement aéronautique, elle est acquise pour ces compagnies aériennes», a-t-il soutenu.

Selon Hubert Meilleur, le projet sera viable pour au moins les 25 ou 30 prochaines années.

Pour sa part, le président du syndicat des machinistes du Québec, Dave Chartrand, a exprimé son profond soulagement.

«C'est beaucoup de poids d'enlevé sur nos épaules, a affirmé M. Chartrand. On a toujours cru en Bombardier, on a toujours cru en ce projet, mais parfois c'était difficile.»

Il a rappelé qu'on présentait le CSeries comme l'avion de l'avenir depuis déjà plusieurs années. «Le fait que ça se concrétise aujourd'hui, ça ne fait que démontrer aux gens qu'on avait raison de s'en aller dans cette direction», a confié M. Chartrand.

Le président de la Fédération des travailleurs du Québec (FTQ), Michel Arsenault, a parlé d'une «journée mémorable».

M. Arsenault a salué le leadership du syndicat des machinistes. «Avec le pragmatisme et la flexibilité dont vous avez fait preuve, vous avez permis la création de 3500 emplois directs, a-t-il soutenu en conférence de presse à Mirabel, aux côtés notamment du premier ministre Jean Charest et du président du syndicat des machinistes, Dave Chartrand. Je dirais même que l'impact est encore plus grand, si on compte les emplois indirects, en pensant aux gens qui travaillent dans les hôpitaux, les écoles, les dépanneurs.»

Le président de la FTQ a ajouté qu'il travaillerait avec le gouvernement pour attirer davantage de jeunes dans les métiers de l'aéronautique. «Personnellement, j'ai un fils qui est technicien et j'en suis très fier, a-t-il lancé. Il faut s'assurer d'avoir des programmes pour attirer les jeunes et faire en sorte que l'aérospatiale soit au Québec ce qu'est l'automobile en Ontario.»

Des travailleurs rassurés

Des travailleurs de Bombardier rencontrés par La Presse Canadienne, dimanche, à Mirabel, ont abondé dans le même sens.

«Ça confirme que je vais probablement travailler jusqu'à l'âge de ma retraite ici. C'est bon pour la famille», a confié Frédéric Barthe, technicien en avionique chez Bombardier. Il a estimé que le projet de la CSeries allait raviver l'intérêt des jeunes pour le secteur, après plusieurs années assez minces au plan des possibilités d'emploi.

M. Barthe a dit croire que l'expertise de la main d'oeuvre au Québec avait pesé

beaucoup plus lourd dans la balance que les concessions faites par le syndicat dans leur projet de convention collective.

Charles-Edouard Prévost, designer pour Bombardier à Mirabel depuis quatre ans, a aussi estimé que le bassin des jeunes intéressés par le secteur aéronautique allait grandir.

Patrick Petitpas, un technicien en avionique qui travaille depuis 7 ans à l'usine de Mirabel, a parlé d'une «très bonne nouvelle». «Une annonce comme celle-là, c'est toujours rassurant. Sans la CSeries, les emplois auraient été ailleurs», a-t-il fait valoir.

L'audace saluée

L'Association des Industries aérospatiales du Canada (AIAC) s'est également

réjouie de l'annonce faite dimanche par Bombardier Aéronautique.

«Le succès de Bombardier repose depuis toujours sur sa capacité à sortir des sentiers battus. Le programme de la CSeries confirme une fois de plus l'audace de cette multinationale de renommée mondiale, fleuron de l'industrie aérospatiale canadienne», a déclaré le président de l'AIAC, Claude Lajeunesse.

Les revenus du secteur de l'aérospatial ont atteint 22,7 milliards $ en 2007. L'annonce faite dimanche contribuera considérablement à rehausser cette

performance dans les années à venir, selon M. Lajeunesse.

La Chambre de commerce du Montréal métropolitain a également accueilli avec beaucoup d'enthousiasme l'annonce du lancement de la nouvelle gamme d'appareils de la CSeries par Bombardier.

«Cette annonce est l'illustration que Montréal a tout ce qu'il faut pour faire face à la concurrence féroce qui prévaut dans le domaine de l'aéronautique», a confié la présidente et chef de la direction de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain, Isabelle Hudon.

Mme Hudon a également soutenu que le lancement de la CSeries aura des effets catalyseurs pour de nombreuses petites et moyennes entreprises dans la région métropolitaine.

Défis à relever

Le député de l'Action démocratique du Québec à Mirabel, François Desrochers, a également salué, en entrevue à La Presse Canadienne, l'audace de la direction et du syndicat de Bombardier qui ont su trouver un nouveau créneau dans le secteur

aéronautique.

Toutefois, M. Desrochers a dit croire que deux défis se posaient pour le gouvernement dans l'avenir, au chapitre de la formation de la main d'oeuvre en avionique et au chapitre des services de transport en commun à Mirabel.

Le député de l'ADQ s'est inquiété du faible taux de rétention dans les programmes de formation. Il a notamment appelé à plus de flexibilité afin d'offrir davantage de stages en entreprise. Puis, M. Desrochers a soutenu que les services de transport en commun pratiquement inexistants à Mirabel, selon lui, ne feraient rien pour y attirer des travailleurs d'ailleurs au Québec.