Il est enfin là. L'iPhone 3G d'Apple, attendu depuis des mois, a été lancé en grande pompe hier au Canada ainsi que dans 20 autres pays.

Il y avait foule, hier, à l'angle des rues Metcalfe et Sainte-Catherine, où sont situées les boutiques phare de Fido et Rogers à Montréal. Quelques centaines de personnes faisaient la file, certains intrépides ayant même passé la nuit sur le trottoir.

«Je l'ai!» s'est exclamé Steve Goodyn, juste après avoir mis la main sur le premier iPhone vendu à Montréal. Il venait de passer près de 10heures devant le magasin Rogers de la rue Sainte-Catherine.

Vendredi matin, les systèmes informatiques des deux chaînes de téléphonie cellulaire sont tombés simultanément en panne avec le système d'enregistrement d'iTunes Canada. La panne a duré de nombreuses heures, et le service n'avait toujours pas été rétabli dans certains magasins en soirée. Une véritable «iPocalypse», titraient de nombreux sites web d'actualité informatique.

Dans les boutiques Fido et Rogers de la rue Sainte-Catherine, seulement cinq clients étaient admis à la fois. Les gens avaient tous reçu un ticket et attendaient patiemment qu'on appelle leur numéro. Vers 15h, les deux magasins avaient déjà écoulé leur stock.

«Revenez nous voir dans quelques jours», répétaient les employés.

Partout au pays, quelques dizaines de milliers de personnes ont mis la main sur les premiers téléphones d'Apple en vente libre au Canada. Le premier appareil a été vendu à Halifax vers 7h.

Ce téléphone portable «intelligent», doté d'un écran tactile, permet à son propriétaire de naviguer sur le web, d'écouter de la musique, de regarder des vidéos, de prendre des photos, de jouer à des jeux et de trouver son chemin grâce à la fonction GPS.

«Il est tout chaud, tout brillant. J'ai vraiment hâte de l'utiliser!» s'extasiait Jonathan Grenier, le deuxième client ressorti du magasin Rogers avec un iPhone. «Mais en ce moment je suis plus excité à l'idée de m'asseoir que par mon nouveau iPhone», a-t-il déclaré devant les caméras de télévision. «La prochaine fois, j'aurai une chaise, c'est garanti.» L'homme de 29 ans, qui travaille comme consultant informatique, possédait déjà un exemplaire de la première version de l'iPhone, qu'il avait acheté en ligne.

«Avec le nouveau modèle, je vais pouvoir y transférer toute ma musique et quelques vidéos. Et je suis surtout excité par le AppStore, un site d'Apple qui va me permettre de télécharger des logiciels sur mon iPhone», a-t-il dit.

Chez Fido, on se gardait bien de dévoiler des chiffres sur le nombre d'appareils vendus. «On compte en vendre beaucoup!» a déclaré le directeur général de l'entreprise, Sylvain Roy. «Notre objectif, c'est de pouvoir mettre un iPhone dans les mains de tous ceux qui veulent en acheter un dans les prochaines semaines.»

M. Grenier, lui, n'avait pas envie de revivre l'expérience qu'il a vécue lors du lancement de la plateforme de jeux vidéo Nintendo Wii. «On pensait que même sans faire la file, on finirait par l'avoir. Mais 18 mois plus tard, on attend toujours. Je me suis dit que je ne me ferais pas avoir cette fois-ci.»

Malgré cette ruée, aucune pénurie n'est toutefois à prévoir. Rogers et Fido assurent qu'ils auront assez de téléphones pour répondre à la demande. «Les magasins vont être alimentés en iPhone plusieurs fois par semaine», affirme M. Roy.

Un téléphone qui peut tout faire

Les anglophones l'appellent le «Jesus Phone». Mi-téléphone, mi-lecteur MP3, l'iPhone d'Apple fait - presque - l'unanimité chez les amateurs de gadgets. Description d'un phénomène techno.

À la fois organisateur personnel, téléphone, lecteur musical, appareil photo et navigateur Internet, ce gadget tout-en-un signé Apple fait à peu près tout ce qu'un ordinateur personnel peut faire. «On peut même facilement y taper de longs textes, grâce au clavier tactile», explique le directeur général de Fido, Sylvain Roy.

Bref, à peu près comme un téléphone multifonctions BlackBerry, à un détail près : «Le BlackBerry, c'est pour les affaires. L'iPhone, c'est pour le fun», résume Hubert Bourque, 59 ans, cadre dans une firme de communication.

«Si je n'avais pas d'iPhone, j'aurais un iPod et un téléphone cellulaire, en plus d'un appareil photo que je traînerais lorsque j'en ai besoin. Là, je n'ai qu'un seul instrument, plutôt mince, qui me permet de tout faire. C'est magique», s'exclame Pierre Côté, qui possédait déjà un iPhone de première génération acheté aux États-Unis. «L'avantage avec le nouveau iPhone 3G, c'est qu'il est beaucoup moins cher, un peu plus petit et surtout beaucoup plus rapide que son prédécesseur.»

Autre nouveauté : l'AppStore, une boutique en ligne de logiciels destinés exclusivement à l'iPhone et à un autre lecteur audio d'Apple, l'iTouch.

L'iPhone offert par Rogers et Fido n'a qu'un seul défaut, selon ses disciples : son prix. L'entreprise a d'ailleurs réduit les coûts de son forfait d'échange de données quelques jours avant le lancement du téléphone, après avoir essuyé plusieurs critiques à ce sujet.

L'appareil iPhone coûte 199$ au Canada en plus d'un contrat de trois ans, contre 299$ aux États-Unis. C'est en Belgique qu'on le paie le plus cher, les prix oscillant entre 825$ et 965$. Et aux Pays-Bas, un utilisateur peut obtenir un iPhone pour seulement 1 (1,61$) s'il signe un contrat avec la firme T-Mobile.