Il ramassait quelques pièces de monnaie étalées sur une table carrée lorsque nous l'avons abordé. Il a hésité un instant, cherchant visiblement à se trouver un pseudonyme lorsque nous lui avons demandé son nom.

«Bob», a-t-il fini par dire. Allons-y donc pour Bob de Rosemont, puisque c'est dans cet arrondissement que nous l'avons croisé. Il portait une casquette et un manteau bleu. Il parlait d'une toute petite voix, mal à l'aise, perdu dans ses pensées, faisant passer son stylo d'une main à l'autre.

Bob, dans la trentaine, vit de l'aide sociale. Il reçoit le revenu minimal (575$ par mois). Pas assez pour être autonome. Il est retourné chez ses parents. «Je paie une partie du loyer, des factures, de la nourriture. Tout seul, je n'y arriverais pas. Les loyers sont trop chers.»

Il a essayé de travailler. Ça ne fonctionnait jamais. Son degré d'instruction est visiblement très limité, et sa fragilité est palpable.

A-t-il pensé à mendier? «J'ai passé proche.»

Mais il préfère collecter des contenants consignés. Pour faire une bonne journée, il doit se lever tôt. Les jours de collecte sélective, la concurrence est vive. «Certains partent de chez eux à 3 ou 4h du matin. Moi, à 5h. Je n'ai pas le choix. On est beaucoup à faire cela. Juste dans le secteur, on doit être une vingtaine.»

«Ça m'aide à acheter des petites affaires, dit-il à propos de ses revenus de la consigne. J'achète de la nourriture, de la liqueur. Je paie une partie des factures.»

S'accorde-t-il des gâteries? «Des fois, je m'achète des chips. Mais c'est rare. Il faut que je pense à autre chose.»

Bob est vaguement au courant de la suggestion d'abolir la consigne. «Si le gouvernement fait ça, y a ben du monde qui va crever de faim.»