Soixante-dix dollars pour quatre reliures, des suppléments pour des cours de yoga ou de hockey sur glace, 6$ à débourser pour un spectacle de Noël, à défaut de quoi l'enfant «sera mis dans un local à part» : avant que Québec ne mette le holà à tout ça, plusieurs services de garde «à 7$» demandaient en fait bien plus que ces fameux 7$.

Selon les rapports consultés par La Presse entre 2007 et juin 2008, qui touchent aussi bien la surfacturation que l'hygiène ou la sécurité, le ministère de la Famille a été mis au courant de stratagèmes les plus divers.

Ainsi, une garderie a réclamé 18 $ supplémentaires «pour des activités telles que prendre une marche dans le quartier ou aller au parc public».

Une mère s'est également plainte au Ministère du fait que son service de garde réclamait des frais supplémentaires pour des pique-niques. Ceux-ci, dit-elle, se déroulent sur un terrain de football «qui donne directement à la sortie extérieure de la garderie. De plus, des frais sont réclamés pour aller au parc adjacent au terrain de football».

La surfacturation est encore autorisée, mais le ministère de la Famille la limite à des cas bien précis : des produits d'hygiène (crème solaire, par exemple), des excursions, un deuxième repas ou des heures de garde excédant les 10 heures réglementaires. Cependant, cette surfacturation doit toujours être optionnelle. Exit, donc, les cours de yoga ou de natation.

Sylvain Bélanger, président de l'Association des garderies du Québec, admet qu'il faudra faire le ménage. Selon lui, il n'était pas normal « que des services de garde imposent des frais pour que les enfants puissent mettre leurs vêtements dans un casier ou pour qu'ils aient droit à de meilleurs repas ! Des repas de qualité, ça doit aller de soi! Refuser des enfants parce que les parents ne voulaient pas payer de suppléments, ce n'était pas acceptable non plus ».

M. Lévesque regrette toutefois que l'ensemble du réseau ait payé pour les exagérations de quelques délinquants. «À ma garderie, par exemple, je faisais venir des gens de l'extérieur pour donner des cours de dessin. Là, ce n'est plus possible.»

M. Lévesque se réjouit de la création accélérée de nouvelles places en service de garde annoncée par Québec la semaine dernière. Il dit avoir insisté auprès du Ministère pour que cela se fasse en toute prudence. «Certains CPE ou garderies insistants ont demandé à offrir des places supplémentaires. Il était important que le Ministère vérifie à fond le dossier de chacun.»

Jean Robitaille, directeur général de l'Association québécoise des centres de la petite enfance, estime quant à lui que les services de garde sont très bons au Québec et que leur qualité est particulièrement élevée dans les CPE, où chaque plainte peut être étudiée aussi bien à l'interne qu'au conseil d'administration ou au Ministère.

La question de la surfacturation étant maintenant réglée, il reste surtout, à son avis, à améliorer la flexibilité pour mieux répondre aux besoins des parents, notamment au chapitre des heures d'ouverture.