Les dirigeants des pays du G8 ont fait un petit pas de plus hier lors de la deuxième journée de leur sommet en parvenant à s'entendre sur une réduction d'au moins 50% d'ici 2050 des gaz à effet de serre (GES) qu'ils produisent.

Pour le premier ministre Stephen Harper, il s'agit là d'une «avancée importante». Mais les environnementalistes ont dénoncé l'accord en le qualifiant de vague à souhait.

«Il y a deux choses différentes avec l'an passé, a souligné aux journalistes M. Harper après ses discussions avec les autres membres du G8. La première est que maintenant nous avons un accord sur des cibles à long terme, un accord conclu à l'unanimité grâce à un consensus des huit membres de ce groupe. L'année dernière (à Heiligendamm) nous avions une décision seulement du Canada, de l'Union européenne et du Japon. Cette année, la Russie et les États-Unis ont reconnu la nécessité de réduire de moitié nos émissions d'ici 2050. Franchement, c'est une étape bien importante pour tous les membres du G8 qui demandent des cibles à long terme obligatoires pour le monde.

«L'autre différence, poursuit le premier ministre, est la reconnaissance que tous les grands émetteurs doivent accepter des cibles si l'on veut atteindre ces objectifs.» Le communiqué du G8 souligne en effet que le défi que représente des réductions de 50% d'ici 2050 ne peut être relevé avec succès «sans une réponse globale et une contribution de toutes les grandes économies de la planète», notamment le Brésil, l'Inde et la Chine.

Le communiqué du G8, rendu public par la présidence japonaise du sommet, reconnaît aussi la nécessité pour les pays du G8 de fixer des cibles de réduction des GES à moyen terme, mais sans pour autant chiffrer ces cibles comme le voulaient les pays européens. Le document affirme que ces objectifs à moyen terme seront définis ultérieurement pays par pays. Il n'est cependant fait mention d'aucune date butoir pour la réalisation de ces objectifs à moyen terme, une concession faite au président américain George W. Bush, selon une source au G8.

Le premier ministre japonais, Yusuo Fukuda, a pour sa part dit que l'année de référence à partir de laquelle les réductions d'émissions seront calculées est 2005.

Malgré le progrès réalisé à Toyako à cet égard, M. Harper a rappelé hier qu'il y avait encore beaucoup de pain sur la planche pour en arriver à une réduction tangible des GES. «Le travail n'est pas pour autant fini, a-t-il dit. Mercredi (aujourd'hui) nous avons une rencontre du G8 avec toutes les grandes économies. Elles sont loin de notre position. Mais elles sont aussi confrontées à la position unanime du G8. Et je ne vous parle pas du processus des Nations unies qui doit prendre fin dans deux ans.»

«Je pense qu'on a pris conscience cette fois de ce que disait le Canada ces dernières années, a commenté Stephen Harper. Nous ne pouvons nous pencher séparément sur les changements climatiques, la croissance économique et la sécurité énergétique. Tout cela fait partie d'un tout et nous devons trouver une solution qui sera bonne pour ces trois problèmes.»

Les environnementalistes ont pour leur part réagi hier en qualifiant de «pas de bébé» l'annonce du G8. «Les dirigeants du G8 ont fait preuve d'un manque de leadership, a déclaré à La Presse Claire Demers, de l'Institut Pembina. La cible pour l'année 2050 de réduction de 50% des émissions de GES ne parle d'aucune année de référence. Il est impossible dans ce contexte de savoir si les objectifs envisagés par le G8 répondent aux exigences scientifiques nécessaires pour réduire les émissions de GES de façon à enrayer le réchauffement de la planète.»