Les détenus du pénitencier de Drummondville voteront, vendredi, par scrutin secret sur la tenue d'une grève de travail illimitée, pour obtenir le droit de fumer à l'extérieur, dans la cour intérieure.

De concert avec leurs camarades de Cowansville, les prisonniers de Drummondville ont manifesté pacifiquement mercredi soir. En entrevue avec le journaliste du quotidien La Tribune, jeudi, trois représentants des prisonniers ont fait part de leurs revendications: ils trouvent injuste que l'interdiction de fumer soit aussi appliquée dans la cour intérieure du bâtiment. Mercredi après-midi, à l'établissement à sécurité moyenne de Cowansville, un groupe de détenus a aussi refusé de regagner le travail, confrontant du coup les autorités carcérales.

Le nombre de fumeurs au pénitencier de Drummondville est évalué à 300, sur 350 prisonniers. Le comité des détenus a déposé il y a quelques jours une demande d'injonction en Cour fédérale. Un vote de grève de travail sera tenu vendredi, cellule par cellule, par scrutin secret.

«La loi canadienne permet de fumer à l'extérieur, à neuf mètres des immeubles, a rappelé un membre du comité des détenus, Jocelyn Dumas. Pourquoi le Service correctionnel du Canada (SCC) se dote-t-il d'un règlement interne qui va à l'encontre de la loi? Il est pourtant bien écrit dans un document du SCC daté du 19 juillet 2005 que ça prend un motif impérieux pour restreindre ce droit.»

«Nous ne sommes pas des animaux, a ajouté le secrétaire du comité, Jean-Guy Savard. C'est très dur pour nous d'arrêter de fumer. On n'a que ça à faire. Je suis ici pour me réhabiliter, pour apprendre à respecter la loi, et ils ne la respectent pas eux-mêmes.»

Les représentants ont également fait valoir que les gardiens ont, eux, le droit de fumer à l'extérieur.

Aux yeux du président du comité, Mario Piché, cette interdiction abusive soulève de l'agressivité. De nombreux détenus n'y arrivent tout simplement pas, a-t-il argué. Certains s'intoxiquent avec les timbres de nicotine ou tentent de calmer leur envie avec du thé ou de l'herbe.

«Ca crée des frustrations chez les fumeurs alors que les non-fumeurs doivent vivre avec des gens marabouts et agressifs. Certains ont même essayé de se suicider.»

Le président est convaincu que les détenus voteront en faveur de la grève. Par conséquent, les détenus n'iraient pas travailler comme ils le font chaque jour de 8 h 00 à 16 h 00.

«Notre grève sera de durée indéterminée, ce qui veut dire que nous n'aurons pas nos vacances à compter du 21 juillet alors que nous avions des activités sportives organisées.»

Un directrice adjointe de l'établissement, Edith Brouillard, a tenu à préciser que les pénitenciers se sont conformés à la loi qui interdit de fumer à l'intérieur des édifices publics, mais il y a toutefois eu plus de 9000 rapports d'infraction émis dans les pénitenciers du pays.

«C'était devenu une situation difficilement gérable. C'est pour cette raison que l'interdiction a été également imposée partout à l'extérieur. Quant aux gardiens, ils peuvent fumer, mais à l'extérieur de la réserve.»

Selon elle, des négociations se poursuivent entre la direction de l'établissement et le comité des détenus pour un retour rapide à la normale. Pour l'instant, les détenus demeurent en isolement cellulaire. Ils ont toutefois obtenu la permission de tourner une vidéo expliquant leur situation.