Une main sur la serpillière, l'autre sur la hanche, la mine fatiguée, Sylvie Aspirot avait déjà trouvé, hier, le responsable de ses malheurs: «C'est la faute à la Ville. Ce n'est pas normal qu'un orage provoque de telles inondations chez nous.»

«Ce qui n'est pas normal, c'est la force des précipitations qui sont tombées», réplique plutôt Réjean Lévesque, directeur de la gestion de l'eau à la Ville de Montréal. Le réseau d'égout municipal a été construit pour contenir des averses d'une intensité susceptible de se répéter tous les 10 ans en moyenne. Or, samedi, plus de 30 mm de pluie sont tombés en 10 minutes, une situation qui ne risque de se produire qu'une fois tous les 100 ans.

«Aucune municipalité n'est équipée pour supporter cela», a dit M. Lévesque. Et pas question que les choses changent sous peu, dit-il. «Il faudrait dépenser des fortunes pour se protéger d'incidents qui ne se produisent qu'une fois tous les 100 ans. Ce serait se doter d'une assurance un peu folle, cela n'aurait pas de sens.»

Les ingénieurs de la Ville se réuniront ce matin pour faire le point sur la situation et déterminer si des changements doivent être apportés dans certaines rues d'Anjou et de Saint-Léonard. Les Montréalais qui estiment avoir été mal desservis par la municipalité ont 15 jours pour déposer une requête afin d'être dédommagés, soit en composant le 311 ou en consultant le site internet de la ville.

Les dégâts d'eau constituent la principale cause de toutes les réclamations en assurance habitation au Québec. Selon le bureau d'Assurance du Canada, les assureurs ont ainsi versé aux Québécois 500 millions de dollars en 2005.