Le mini baby-boom bouscule les plans du gouvernement Charest. Québec a décidé d'accélérer la création des 18 000 nouvelles places en garderie qu'il avait promises. Ces places à 7$ par jour seront créées en deux ans au lieu de quatre, a annoncé la ministre de l'Éducation et de la Famille, Michelle Courchesne, hier.

Dès septembre, les familles pourront compter sur 3000 nouvelles places dans les services de garde en milieu familial. Mais l'annonce du gouvernement ne suffira pas à combler tous les besoins.

À la sortie d'une réunion du Conseil des ministres, Mme Courchesne a affirmé que le gouvernement a dû revoir ses plans en raison des besoins qui s'avèrent plus importants que prévu. «Ce n'est pas parce que nous avions mal évalué, mais c'est parce qu'il fallait tenir compte d'une réalité qui est en train de se développer au Québec», c'est-à-dire l'augmentation des naissances, a-t-elle expliqué en conférence de presse.

Lors de la dernière campagne électorale, les libéraux avaient promis la création de 20 000 nouvelles places en garderie subventionnée d'ici 2012. Deux mille ont été créées depuis les élections du 26 mars 2007. Les 18 000 autres devaient voir le jour au cours des quatre prochaines années.

À la suite du budget de Monique Jérôme-Forget déposé en mars dernier, Michelle Courchesne a lancé un premier appel de propositions pour l'ajout de 9000 places d'ici 2010. Elle a été inondée de propositions. Des garderies publiques et des promoteurs privés ont présenté pas moins de 2000 projets.

Entre-temps, les conférences régionales des élus ont estimé à plus de 38 000 le nombre de places qui doivent être créées pour combler les besoins dans l'ensemble du Québec. La province connaît un mini baby-boom depuis 2006, à la suite de l'entrée en vigueur des nouveaux congés parentaux.

Tous ces facteurs ont forcé le gouvernement à envisager la création des 18 000 places promises dans un délai plus court, d'ici 2010. Sa réflexion a toutefois provoqué des retards. Le plan de développement des 9000 premières places devait être annoncé le 15 juin dernier, il y a plus d'un mois. Il faudra attendre une, voire deux semaines encore, avant de connaître les projets de garderies retenus par Québec à la suite de son appel de propositions.

Toutes les régions du Québec, sauf deux circonscriptions éloignées, auront droit à de «vraies» nouvelles places. C'est-à-dire qu'aucune place déjà existante dans les garderies privées non subventionnées ne sera convertie en place à 7$. Montréal et le 450 se tailleront la part du lion, puisque ce sont «des régions où les besoins sont plus importants et pressants», a noté Mme Courchesne.

La construction de plusieurs immeubles sera nécessaire pour ajouter les 18 000 nouvelles places d'ici 2010. Mais la ministre assure que 3000 d'entre elles seront disponibles dès septembre dans les services de garde en milieu familial, là où des aménagements mineurs doivent être apportés.

Les 18 000 nouvelles places coûteront 235 millions par année à terme. En 2010, Québec consacrera deux milliards par an au réseau de services de garde qui comptera alors 220 000 places.

L'Association québécoise des CPE est ravie de l'annonce du gouvernement. «Michelle Courchesne et Monique Jérôme-Forget livrent la marchandise quant à notre demande de développer de nouvelles places plus rapidement», a affirmé son directeur, Jean Robitaille. Il se désole toutefois que le gouvernement n'ait pas encore dévoilé les projets retenus. Selon lui, Québec devra s'engager à créer d'autres places après 2010, ce que la ministre a refusé de faire hier.

Pour le critique péquiste en matière de famille, Stéphane Bergeron, «derrière cette bonne nouvelle se cache une inquiétude, celle que même en accélérant la création des 18 000 places, il y aura encore des besoins qui ne seront pas comblés».

«C'est un pas en avant, mais il y a beaucoup plus à faire, a affirmé de son côté le député adéquiste Éric Caire. On se réjouira le jour où toutes les familles seront aidées de façon équitable.» L'ADQ accuse le gouvernement de négliger les familles dont les enfants ne fréquentent pas les garderies.