Que le défilé de la fierté gaie soit désormais une activité distincte du festival Divers/Cité ne dérange pas les commerçants du Village gai, tout heureux de constater le succès financier de la piétonnisation de la rue Sainte-Catherine Est, entre la rue Berri et l'avenue Papineau.

Pour la deuxième année consécutive, l'organisme Divers/Cité n'organisera pas le défilé de la fierté gaie. Le festival Divers/Cité aura lieu du 29 juillet au 3 août au parc Émilie-Gamelin tandis que Célébrations LGBTÀ organisera le défilé le dimanche 17 août dans le cadre d'une fin de semaine de la fierté gaie.

L'an dernier, la séparation des deux événements avait créé la consternation. Cette année, résidants et commerçants n'y voient rien à redire. Pour Sylvie Marie, résidante du quartier, qu'il y ait deux fêtes au lieu d'une a peu d'importance. «Il y a de l'animation tout l'été, dit-elle. Organiser deux événements au lieu d'un est intéressant. Ce qui est plus inquiétant, c'est qu'on ait coupé les subventions de Divers/Cité.»

Bernard Plante, directeur de la SDC du Village, croit qu'il est logique que le défilé soit redevenu de la responsabilité du milieu communautaire, comme c'est le cas ailleurs dans le monde. «Divers/Cité est devenu un gros festival de spectacles, dit-il. C'était beaucoup trop de monde en même temps.»

Peter Sergakis, propriétaire du Sky, soutient la séparation des deux événements «car cela permet d'amener des gens différents dans le Village et de faire plus d'argent». Et il applaudit la décision du maire de Ville-Marie, Benoit Labonté, d'avoir piétonnisé la rue pendant 75 jours. Avec la météo des derniers jours, il ne regrette pas d'avoir investi 60 000$ pour créer «la plus belle terrasse de la rue».

«Depuis que la rue est fermée, c'est un succès sept jours sur sept, dit-il. On fait deux fois plus d'argent que d'ordinaire. On va faire une année record. La fin de semaine dernière, avec le feu d'artifice, on a battu des records. On a tellement de monde que je vais avoir embauché 50 personnes supplémentaires cet été.»

Un des quatre chefs-propriétaires du restaurant L'indépendant, Guillaume Savard, dit que la fin de semaine dernière, il a doublé son chiffre.

«On aurait même pu le quadrupler si on avait eu plus de place, plus de nourriture à préparer et plus d'énergie, car on n'a pas arrêté, dit-il. On a dû faire 100 couverts. C'est le top.»

Robert Bois, directeur du Complexe Bourbon, est un des rares à ne pas s'enthousiasmer. Il faut dire que cet édifice comprenant bars, restaurants et discothèque a des terrasses une bonne partie de l'année. «Nous, c'est un peu plus tranquille à cause de la concurrence des 80 autres terrasses, dit-il. En plus, c'est beaucoup d'ouvrage.»

En tout cas, Bernard Plante croit que le succès est total, d'autant que les résidants qui avaient des craintes que cela devienne invivable pour eux sont aujourd'hui rassurés.

«Mme Lise Béland, de l'Association des résidants des Faubourgs de Montréal, m'a dit qu'elle n'aurait jamais cru que la piétonnisation résoudrait tous ses problèmes, dit-il. Il n'y a pas de musique sur les terrasses. Le boum-boum, c'est à l'intérieur. Alors, les résidants sont contents.»

«Le seul petit problème, c'est la circulation dans les petites rues pour ceux qui vont prendre le pont Jacques-Cartier, mais sinon, tout est sous contrôle», confirme François Robillard, président de la même association.

Les activités estivales du Village gai sont destinées à tous. Tous les mercredis soir, un film grand public est diffusé en plein air, en face du Cabaret Mado. Ce soir, le film Les choristes est au programme à 20h30. Une promenade cycliste de deux heures, le Vélo Drag Tour, a aussi lieu tous les dimanches à partir de 14h. On peut louer un vélo sur place.