Un homme de 25 ans a été criblé de balles au cours d'une tentative de meurtre survenue dans la nuit d'hier à l'intérieur d'un logement du quartier Notre-Dame-de-Grâce. Le propriétaire des lieux a déploré son impuissance devant les activités louches qui se déroulaient depuis des mois dans l'appartement où s'est joué le crime.

Il pleuvait des hallebardes hier matin rue Randall, pendant que des policiers s'affairaient à reconstituer la scène du crime.

Quelques heures plus tôt, au milieu de la nuit, un jeune homme, Jeffrey McDonald, a été atteint de plusieurs projectiles pendant qu'il dormait dans un logement situé au rez-de-chaussée d'un immeuble de 14 appartements.

Le ou les suspects se sont introduits par une fenêtre, pour prendre rapidement la fuite après avoir fait feu.

Les policiers n'écartent pas la piste du règlement de comptes ou d'une transaction de drogue qui a mal tourné.

La victime, bien connue des milieux policiers pour des crimes reliés aux stupéfiants, a survécu à l'attentat, mais a subi des blessures graves.

À l'intérieur du logement impliqué, des traces de sang étaient visibles sur le sol, les murs et les escaliers.

La veille, un homme a aussi été blessé par balle directement sur son balcon du quartier Saint-Michel.Les deux incidents ne sont pas liés.

Bruits et bagarres

Selon le propriétaire de l'immeuble impliqué, rencontré sur les lieux, la victime de l'attentat n'est pas un de ses locataires. «Je ne le connais pas, je l'ai seulement vu quelques fois dans l'appartement, loué à une femme il y a quelques mois», raconte Denis Bourne.

McDonald habitait vraisemblablement avec la femme et le copain de celle-ci depuis un mois. «Il y avait beaucoup de bruits et de bagarres dans le corridor menant à l'appartement», rapporte M. Bourne, qui a reçu beaucoup de plaintes des voisins.

Selon le propriétaire, il est fort possible que des transactions de drogue aient eu lieu dans le trois et demie impliqué. «Il y avait beaucoup de va-et-vient, mais je n'ai pas de preuves pour l'avancer», précise Denis Bourne.

Il espère que les policiers lui fourniront des preuves qui lui permettront d'évincer sa turbulente locataire et ses amis, pour ramener l'harmonie dans son immeuble. Comme la locataire paie son loyer chaque mois, il ne voudrait pas partir en croisade seul contre elle devant la Régie du logement. «Je ne veux pas mettre ma vie en danger», laisse tomber M. Bourne.

Selon une voisine, le coin est de moins en moins sûr. «J'ai deux enfants, alors je veux aller vivre ailleurs. Deux ménages de mon bloc ont déménagé pour ces raisons récemment», explique Mia Sukhishuli.

Selon la Corporation des propriétaires immobiliers du Québec (CORPIQ), des logeurs se retrouvent régulièrement pris en otages dans leur propre bâtiment. «Le proprio peut perdre le contrôle. S'il veut évincer un locataire à cause de son comportement, il doit se présenter avec toutes les preuves et rapports de police devant la Régie», explique le porte-parole de la CORPIQ, Hans Brouillette.

Une tâche difficile, selon lui, surtout si le locataire indésirable paie son loyer. «Les voisins, même si ce sont eux qui font les plaintes, refusent souvent de témoigner», résume M. Brouillette.