Pendant deux jours, une chaleur moite, collante et humide a pris la population en otage. Pour y échapper, La Presse a fait hier une tournée d'endroits où il fait bon vivre lorsque le thermomètre se met à grimper dangereusement.

Notre premier arrêt s'est effectué en plein centre-ville, au 1000, De La Gauchetière. Lorsqu'on pousse la porte tournante de l'immeuble, une bouffée d'air frais caresse le visage. La chaleur accablante de la ville s'estompe au profit d'une salvatrice brise artificielle.

Mais c'est la patinoire de l'Atrium, perchée au deuxième étage, qui vole la vedette. Des dizaines d'enfants d'un camp de jour du quartier Émard, patins aux pieds, y faisaient hier un pied de nez à la chaleur écrasante. «Les jeunes se plaignaient de la chaleur durant le trajet en métro, ici ils sont super bien. Ils chialent moins!» reconnaît l'animatrice Jacinthe Leclerc, alias Molécule.

Une des fillettes du groupe, Fatoumata, 7 ans, trouvait bizarre de patiner en pleine saison chaude. «Ici ce n'est pas l'hiver, mais pas l'été non plus», résume la gamine.

Pour l'occasion, certains animateurs portaient la tuque rouge à pompon blanc du père Noël.

La patinoire est surtout prise d'assaut par les touristes durant la période estivale, note Caty Méthot, une employée. «Beaucoup proviennent des pays chauds et voyagent au Québec en quête de fraîcheur. En découvrant qu'il fait chaud, ils viennent ici», raconte l'employée.

Les piscines pleines à craquer

Comme c'est la coutume durant des périodes de chaleur extrême, les piscines municipales débordaient de monde hier. Celle située à l'intersection des rues Rachel et Fullum affichait presque complet en début d'après-midi. «Il n'y a pas de questions à se poser quand il fait chaud ainsi, suffit d'aller s'installer autour d'une piscine», résume Heather Keiller, 26 ans, une Albertaine en vacances chez une amie québécoise. «Les piscines publiques et gratuites sont rares en Alberta, pour moi c'est une gâterie», ajoute la jeune femme.

La pataugeoire jouxtant la piscine était aussi remplie de bambins qui barbotaient avec leurs flotteurs.

«C'est certain qu'en période de canicule il y a plus de monde. Le quartier (Plateau-Mont-Royal) est densément peuplé, les gens n'y ont pas beaucoup de piscines», souligne Geneviève Fabio, chargée des communications pour l'arrondissement.

Suer au frais

Malgré ce qu'on pourrait penser, ils étaient nombreux à courir, pédaler ou lever des poids hier, dans un centre de conditionnement physique. Selon les membres du Énergie Cardio Plateau-Mont-Royal, mieux vaut s'exercer dans une salle climatisée qu'être à l'extérieur. «Je suis venue à vélo et j'étais en train de mourir», dit Claudia Généreux.

«J'ai besoin de faire de l'exercice pour supporter la chaleur», raconte Sophie Blain, en train de sprinter sur un tapis de course. «L'été je vais plus souvent m'entraîner à l'extérieur, mais là, c'est si chaud que je préfère l'intérieur», ajoute-t-elle.

Selon la directrice du centre, les membres ne désertent pas l'établissement l'été venu. «La température reste la même printemps comme été», explique Karie Casey.

Métier anti-canicule

Au supermarché Métro situé en bas du Énergie Cardio, Yves Girouard possède un emploi de rêve pour déjouer la chaleur. Responsable des produits laitiers, il passe beaucoup de temps dans un réfrigérateur dont la température oscille autour de moins 2 degrés. «Ça ne me dérange pas du tout de travailler aujourd'hui», souligne l'employé, sourire en coin.

Des chiffres

37,6° C

Le mercure n'a jamais autant grimpé à Montréal que le 1er août 1975.

32,8° C

Le record de chaleur pour un 8 juillet. Il a été établi en 1955.

30°

La température moyenne de trois jours consécutif pour qu'il y ait une canicule.

5

Nombre de travailleurs qui sont morts en raison de la chaleur depuis 5 ans.

300

Trois étés chaud ont causé la mort de 300 personnes âgées au cours des 20 dernières années.

Source : Direction de la santé publique de Montréal, CSST, Environnement Canada