Richard Bérard a été accusé hier du meurtre de Mélissa Beaudin, la copine de son fils, au palais de justice de Sorel. Les traits tirés et la barbe longue, l'homme de 44 ans a eu droit aux furieuses invectives de la foule, mais au soutien indéfectible de sa conjointe.

La mère de Mélissa, elle, ne s'est pas présentée au tribunal. Elle refuse de connaître les détails de la mort de sa fille. Elle refuse même d'en vouloir au meurtrier. Tout ce qu'elle souhaite, c'est que sa «Méli» repose en paix.

Les traits tirés et la barbe longue, Richard Bérard a été accusé hier après-midi de l'enlèvement et du meurtre prémédité de Mélissa Beaudin. Le corps de l'adolescente de 17 ans a été retrouvé hier après-midi derrière un hangar à Yamaska.

Nancy Gaudreau, qui fréquente Bérard depuis quatre ans, s'est présentée au palais de justice de Sorel pour le soutenir. Lorsqu'il est entré dans la salle d'audience, il s'est tourné vers l'auditoire et l'a fixée quelques instants.

«Lorsqu'il m'a regardée, j'ai vu qu'il n'allait vraiment pas bien, dit la femme dans la quarantaine. Je ne sais pas si c'est encore mon chum. Mais je veux l'encourager à passer à travers cette épreuve.»

Lors de sa comparution, l'avocat de Richard Bérard a demandé un examen psychiatrique pour évaluer dans quel état était son client lorsqu'il a quitté sa résidence de Yamaska avec Mélissa mercredi, vers 1h15 du matin.

«Je pense qu'il a fait ça parce qu'il n'était pas dans son état normal», a confié Mme Gaudreau un peu avant d'entrer dans la salle d'audience. Selon elle, l'homme avait consommé de la cocaïne avant de prendre le volant.

«C'était un bon père, poursuit-elle. Il aurait donné la lune à ses enfants. Je veux que les gens sachent que c'est un bon gars et que c'était parce qu'il n'était pas comme d'habitude, qu'il avait trop consommé.»

Mme Gaudreau croit qu'elle gardera contact avec son amoureux. «Mais je me sens perdue en ce moment. Je ne sais pas ce que je vais faire.»

L'accusé injurié par la population

Une centaine de personnes se sont massées devant le grillage à la sortie du palais de justice de Sorel vers 15h pour invectiver Bérard. «Assassin», «pourri, en prison, gros pervers» et «crotté» ont fusé de toutes parts. Une femme a même frappé avec ses poings le camion de la Sûreté du Québec (SQ) qui reconduisait l'accusé en prison.

Pour plusieurs, c'est l'histoire qui se répète. «C'est le quatrième enlèvement dans la région dans les dernières années, explique Manon Deguise, psycho-éducatrice de Sorel-Tracy. Après Steve Mandeville, Alexandre Livernoche et Cédrika Provencher, je me dis qu'il y a des intervenants en quelque part qui ne font pas leur travail».

Rita Cardin, propriétaire de la maison qu'habitait Bérard, était également au palais de justice de Sorel lorsque son locataire y est arrivé, vers 10h. La veille, elle avait déclaré à La Presse que Bérard était un homme poli et exemplaire, au point où elle lui aurait volontiers confié la garde de ses petits-enfants. Mais hier, elle semblait troublée. «Jamais je n'aurais pensé qu'il aurait pu faire ça, dit la femme de 75 ans. Si c'est lui, j'espère qu'il va recevoir une bonne punition. À l'heure actuelle, je m'inquiète surtout du sort de ses trois jeunes enfants.»

En plus de réclamer un examen psychologique, l'avocat de Richard Bérard a aussi demandé au juge que les dispositions nécessaires soient prises pour que son client ne soit pas victime de violence pendant son incarcération.

«Mon client est très fatigué en ce moment, et il est consterné par la situation» a déclaré Me Claude Robillard, qui n'a pu dire si son client avait des remords. «Je n'ai eu que quelques brèves rencontres avec lui.»

Richard Bérard retournera devant la justice le 25 septembre prochain. Une porte-parole de la SQ a confirmé que d'autres accusations pourraient être portées contre lui, une fois que le rapport d'autopsie sera connu.