Ou vous nous laissez gouverner, ou vous nous renversez et laissez les Canadiens décider de la suite. C'est ce qu'a signifié Steven Harper hier à l'opposition, à l'issue de deux jours de réflexion à Lévis avec les députés et les sénateurs de son aile parlementaire.

Sur un ton décidément électoral et avec de la colère dans la voix, le chef du gouvernement a exprimé son ras-le-bol des tactiques de l'opposition, en particulier celles du Parti libéral.

«Ultimement, a-t-il dit en conférence de presse, ce que les Canadiens veulent, c'est que nous gouvernions. C'est notre priorité. Nous sommes ici pour continuer à gouverner. Nous avons un mandat de la population, nous avons un mandat du Parlement qui nous a été confié lors du dernier discours du Trône.

«Ce que nous ne tolérerons pas, a enchaîné le premier ministre, c'est la situation dans laquelle M. Dion nous dit qu'il ne nous renversera pas et en même temps qu'il nous empêchera de faire adopter nos projets de loi. Nous allons aller de l'avant à l'automne au Parlement avec nos projets. Nous allons avoir un mandat pour faire ce que nous voulons faire, ou les Canadiens décideront.

«Si M. Dion n'est pas prêt à travailler avec nous, il doit être prêt à déclencher des élections», a-t-il aussi lancé.

Le chef du gouvernement a fait allusion de toute évidence à l'affaire des liens de Brian Mulroney avec l'homme d'affaires Karlheinz Schreiber, à celle du financement électoral du Parti conservateur aux dernières élections, appelée aussi l'affaire du «in and out», et aux déboires de son ancien ministre des Affaires étrangères, Maxime Bernier.

«Je ne crois pas que les Canadiens pensent que le but du Parlement est de mettre sur pied des tribunaux qui ressemblent à des cirques ou d'enquêter sur des scandales qui ne se sont jamais produits ou encore de tenter de deviner ce qui ressortira d'une enquête criminelle de la police. Ce sont là des jeux politiques ridicules qui n'ont rien à voir avec les préoccupations des Canadiens», a tonné Stephen Harper.

Le premier ministre a d'ailleurs promis de présenter à l'automne «d'importants projets de loi» dont certains feront l'objet de votes de défiance, ce qui offrira à l'opposition des occasions de défaire son gouvernement.

Le député libéral John McCallum a rétorqué que ce n'est pas l'opposition qui accuse les conservateurs de malversations électorales, mais bien Élections Canada.

Haro sur le plan vert

Le premier ministre est aussi revenu à la charge hier, comme il l'avait fait la veille à Saint-Agapit devant 1500 partisans, contre le plan vert libéral de Stéphane Dion et son projet de taxer les émissions de gaz à effet de serre.

«Nous croyons fortement, au gouvernement, que nous n'allons pas régler les problèmes des gens en leur imposant une nouvelle taxe, a-t-il dit. C'est une erreur de jugement sérieuse. Ce serait un politique dévastatrice. Je crois, ultimement, que les Canadiens vont décider que ce n'est pas là la manière de diriger notre pays, que ce n'est pas la façon de relever les défis qui nous attendent.»

Interrogé sur son silence à propos des baisses d'impôts qui sont assorties au plan vert de M. Dion, Stephen Harper a répondu qu'elles ne sont «pas crédibles».

«Mon gouvernement a procédé à des baisses de taxes et d'impôts de toutes sortes. Et chaque fois M. Dion et le Parti libéral se sont opposés à ces réductions de taxes. M. Dion cherche à réduire les taxes pour une seule raison: ramasser de l'argent pour le dépenser à Ottawa. C'est la seule raison, et tout le monde le comprend. M. Dion a dit au Parti libéral pendant son congrès au leadership, il y a deux ans, qu'il s'opposait à une taxe sur le carbone. Il a changé d'avis après avoir promis des fonds à plusieurs groupes au Canada. Et maintenant il a besoin de revenus pour son programme. C'est une grande erreur de jugement. Le public ne va pas être dupé par l'idée d'une taxe neutre.»

John McCallum a réagi à ces propos en rappelant que Stéphane Dion est le seul politicien au Canada à offrir des baisses d'impôts. Il a affirmé que les attaques de M.Harper ne sont pas fondées puisqu'elles passent sous silence un aspect fondamental du plan vert libéral: «M. Harper n'a pas lu notre projet ou il fait exprès pour en ignorer de grands pans, a affirmé M. McCallum à La Presse. Il est clair dans notre plan qu'une loi sera adoptée au Parlement afin que la vérificatrice générale s'assure que chaque dollar qui sera payé par les pollueurs reviendra dans les poches des Canadiens. Elle devra faire rapport chaque année au Parlement.»

Harper et le QuébecLe premier ministre Stephen Harper a dit hier qu'il avait bon espoir de rafler plus que ses 11 sièges actuels au Québec aux prochaines élections. «Depuis que M. Duceppe a demandé aux Québécois une majorité de sièges au Québec aux prochaines élections, a dit à la blague le chef conservateur, je suis certain de faire mieux. La majorité au Québec est de 39 sièges. Or le Bloc en occupe déjà 49. Si M. Duceppe est prêt à perdre 11 sièges, nous sommes prêts à les prendre.»