La Couronne renonce à interjeter appel de l'acquittement de Basil Parasiris pour le meurtre du policier Daniel Tessier. Cette épée de Damoclès étant levée, on peut dire que le résidant de Brossard est définitivement un homme libre, même s'il lui reste à régler huit accusations de possession et entreposage illégaux d'armes à feu.

C'est en fin de matinée, hier, dans un communiqué laconique, que le directeur des poursuites criminelles et pénales a officialisé sa décision, avec l'explication suivante: «Considérant la trame factuelle favorable à l'accusé dans ce dossier, le DCPC estime qu'il serait impossible de convaincre la Cour d'appel que le verdict serait différent à l'issue d'un nouveau procès.»

Parasiris venait juste d'apprendre la nouvelle de son avocat quand La Presse l'a joint au téléphone chez son père, à Brossard. Il n'a pas voulu faire de commentaire, disant vouloir «parler à son avocat». Il s'est cependant dit heureux que ce soit fini. Cette fin abrupte ne fait de toute évidence pas l'affaire de la police de Laval. «Aujourd'hui, on n'a rien à dire. Le seul commentaire, c'est celui qu'on a fait le 13 juin, c'est celui qui va rester», a indiqué Franco Di Genova, porte-parole du service de police de Laval. Le 13 juin, lors d'un point de presse, le directeur de la police de Laval, Jean-Pierre Gariépy, avait dit qu'il trouvait l'acquittement choquant et décevant. Il avait fait valoir que Parasiris était l'unique responsable de la mort du policier Daniel Tessier.

Rappelons que, dans le cadre d'une opération visant à démanteler un réseau de trafic de stupéfiants, neuf policiers sont entrés dans le domicile de Parasiris, à Brossard, un peu après 5h le matin du 2 mars 2007. Ils ont défoncé la porte à coups de bélier puis se sont rapidement dispersés dans la maison en criant «police». Moins de 30 secondes plus tard, il y avait un mort et deux blessés.

Croyant avoir affaire à des malfaiteurs, Parasiris s'était emparé de l'une des quatre armes chargées à bloc qu'il cachait chez lui et avait tiré à bout portant sur la silhouette qui venait de s'encadrer dans la porte de sa chambre. Il s'agissait du policier Daniel Tessier, qui s'est écroulé, atteint de trois balles. La quatrième balle tirée par Parasiris a fini sa course dans le bras d'un autre policier, Stéphane Forgues. Trois policiers ont répliqué par des tirs confus, dont l'un a atteint au bras Penny Gounis, la femme de Parasiris.

Le procès, présidé par le juge Guy Cournoyer, s'est déroulé devant jury au palais de justice de Longueuil en mai et juin. Me Joëlle Saint-Germain agissait pour la Couronne, tandis que Parasiris était défendu par Me Jacques Larochelle, assisté de Me Dominique Shoofey. Parasiris invoquait la légitime défense, un argument que les jurés ont de toute évidence retenu. Ils ont rendu leur décision au bout de deux jours et demi de délibérations. Ils n'ont jamais su pourquoi la police avait investi la résidence de Parasiris et ignoraient aussi que la perquisition avait été déclarée illégale.

Parasiris, qui avait admis dans une déclaration avoir fait le trafic de stupéfiants, doit revenir devant le tribunal le 9 septembre prochain, pour régler son dossier au sujet des armes qui se trouvaient chez lui. Trois avaient été acquises sur le marché noir, tandis qu'il n'avait pas fait le changement d'adresse pour le Ruger Magnum .357 qui lui a servi à tuer l'agent Tessier et à blesser l'agent Forgues.