Les cadets de la police font désormais concurrence aux firmes privées pour assurer la sécurité des grands événements de la métropole. Le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), qui tente de pénétrer le marché, a déjà obtenu près d'un demi-million de dollars en contrats cet été, a appris La Presse.

Près de 100 cadets de 16 à 25 ans ont assuré la sécurité du Festival juste pour rire et 12 autres patrouilleront tout l'été dans le secteur commercial du centre-ville. Ces deux contrats, qui rapporteront chacun près de 250 000$, s'inscrivent dans la nouvelle stratégie d'affaires du SPVM, qui espère gonfler ses revenus grâce à la vente de ses services au secteur privé.

«Montréal est une ville d'événements, explique le responsable du développement des affaires du SPVM, Jimmy Cacchione. Il y en a plus de 900 chaque année, sans compter les nombreux plateaux de tournages. Si tout va bien avec nos contrats cet été, il est clair que nous allons continuer à développer le créneau.»

Une croissance qui dérange

Le SPVM commercialise de plus en plus ses services. Depuis un an, le nombre de ses contrats a augmenté de 27% pour totaliser 2,3 millions de dollars.

Cette nouvelle tangente est loin d'enchanter le Groupe Sécurité CLB, qui assurait la sécurité du Festival Juste pour rire depuis des années. La compagnie estime que le SPVM fait une concurrence déloyale aux firmes privées qui assurent la sûreté des festivals et d'événements dans la métropole depuis une vingtaine d'années.

«Ils ne sont plus nos partenaires, dit le président du Groupe de sécurité CLB, Christian La Brèche. Ils sont maintenant nos concurrents.»

En juin, la compagnie de sécurité a appris à moins d'un mois d'avis qu'elle venait de perdre son contrat avec le Festival Juste pour rire, et ce, malgré une entente de principe signée avec le Festival en janvier. Près de 150 employés ont dû être décommandés à la dernière minute, indique le président.

«Lorsque les cadets ont commencé à assister les policiers les soirs de feux d'artifice et au Tour de l'île il y a quelques années, les dirigeants du SPVM m'avaient assuré qu'ils n'allaient pas tenter de s'implanter dans les festivals», explique Christian La Brèche.

Le contrat habituellement octroyé à la compagnie CLB est d'environ 250 000$, tout comme celui donné aux cadets cette année. À son avis, les cadets coûtent ultimement plus cher puisqu'un policier doit être affecté à la surveillance de 12 cadets.

Jimmy Cacchione affirme que les services aux citoyens ailleurs dans la ville ne sont pas affectés par cette supervision et que les policiers ne font pas d'heures supplémentaires pour pallier le manque encouru.

«Notre but est de travailler en partenariat avec le secteur privé; la dernière chose qu'on veut, c'est de se le mettre à dos», dit-il. Selon lui, le SPVM offre le service parce qu'il y a une demande. «Les deux clients ont voulu essayer notre façon de faire et les échos sont positifs.»

Juste pour rire satisfait

Du côté du Festival Juste pour rire, le président Alain Cousineau s'est dit satisfait du travail des cadets. «La principale raison de leur embauche n'est pas parce qu'ils coûtent moins cher, mais plutôt parce qu'on voulait tester ce nouveau service», dit-il.

En attendant, Christian La Brèche affirme qu'il cherchera à diversifier ses contrats pour survivre. «C'est impossible pour les firmes de sécurité privées de concurrencer l'État. Je suis en train de me demander si je ne devrais pas changer l'orientation de mon entreprise.»