Le gouvernement du Québec s'est rangé derrière la demande des policiers de Montréal en acceptant de nommer un arbitre pour sortir de l'impasse les négociations avec la Ville.

En fin d'après-midi, hier, la Fraternité des policiers et la direction du capital humain de la Ville de Montréal attendaient toujours que l'arbitre nommé par le ministre du Travail fixe une première date de rencontre. L'arbitre nommé est Jean Barrette, avocat de la région de Bromont, qui pratique l'arbitrage et la médiation depuis 2006.

Pendant ce temps, les policiers du SPVM continuent de porter le jean et la casquette durant les heures de patrouille, et ont commencé à appliquer à la lettre les dispositions de leur convention collective. «C'est une forme de grève du zèle», a concédé Yves Francoeur, président de la Fraternité, lors d'un entretien avec La Presse.

«C'est présentement ce qui fait le plus mal, bien plus que le port du jean et de la casquette, qui ne sont qu'un symbole de solidarité, dit M. Francoeur. C'est donc dire que toute la flexibilité d'horaire dont font habituellement preuve nos policiers, notamment en période estivale, durant les festivals, doit maintenant être payée en temps supplémentaire.»

Il y a quelques semaines, les deux parties sont venues à un cheveu de s'entendre sur le renouvellement de la convention collective, échue depuis un an et demi, mais la question des salaires a conduit à un cul-de-sac. L'administration municipale offre une augmentation de 0%, puis de 2% pour les trois autres années, jusqu'en 2010, alors que les policiers veulent être les mieux payés au Québec.

Selon les calculs de la Fraternité des policiers, l'augmentation proposée placerait les membres entre le 20e et le 25e rang sur 34 corps policiers. Ils veulent être parmi les cinq premiers.

«Nous faisons face, à Montréal, à 50% de la criminalité au Québec, ajoute M. Francoeur. Ça veut dire que pour chaque arrestation à l'extérieur de notre territoire, il y en a deux à Montréal. C'est dommage parce que nous étions près d'une entente. On va maintenant devoir négocier avec un arbitre qui ne connaît ni notre culture, ni les particularités du territoire, comme par exemple la menace terroriste ou les gangs de rue.»

La direction du capital humain de la Ville de Montréal, qui doit maintenant mener de front des séances d'arbitrage avec ses pompiers et ses policiers, explique pour sa part qu'elle a déposé cette offre salariale en se basant sur le Cadre financier de Montréal, qui sert de base pour tous les employés, cols bleus ou cols blancs.

«Nous, ce qu'on va tenter de démontrer à l'arbitre, c'est qu'il faut regarder la rémunération globale des policiers, en tenant compte notamment du régime de retraite et des congés, affirme le directeur des relations professionnelles à la Ville de Montréal, Jean-Yves Hinse. Selon nous, ces avantages placent les policiers en haut de l'échelle. Je ne pense pas qu'on puisse en dire autant à Saint-Eustache.»