Le ministère de la Justice a corrigé plusieurs lacunes liées à la sécurité des juges dans les palais de justice du Québec depuis deux ans, a appris La Presse grâce à la loi d'accès à l'information.

Certains palais de justice avaient des lacunes plus faciles à corriger que d'autres. À Alma et à Baie-Comeau, le mot «juge» a été retiré des espaces de stationnement réservés aux magistrats. «En préservant l'anonymat des juges, on prévient des incidents», a indiqué le responsable de la loi d'accès au Ministère, Pierre Dion.

À Montréal, le système de caméras de surveillance installé dans les couloirs sécuritaires était vétuste. Il a donc été remplacé. C'est que le public ne doit pas emprunter certains couloirs du palais de justice réservés aux juges. Des caméras ont aussi été ajoutées à Trois-Rivières.

À Laval, les cellulaires ne fonctionnaient pas dans le stationnement intérieur du palais de justice, alors un téléphone d'urgence a été ajouté. À Longueuil, les juges ont désormais leur propre porte d'entrée pour éviter de croiser le public. À Roberval, le bureau du juge de paix est situé dans un édifice commercial à l'extérieur du palais de justice. Faute de lui fournir un agent de sécurité, on lui a installé un «bouton panique».

Dans tous ces cas, aucun incident n'est à l'origine de la correction des lacunes, assure M. Dion du Ministère. Au total, le ministère de la Justice a dépensé près de 205 000$ du 1er avril 2007 au 31 mars dernier spécifiquement pour la sécurité des juges. Dans plusieurs palais situés en région, ce sont les box des accusés qui causaient un problème, étant trop près des juges, pas assez solides ou sans baie vitrée.

La principale revendication des juges en matière de sécurité n'est toutefois pas incluse dans ces modifications. Les juges de la Cour du Québec et de la Cour supérieure demandent depuis 2005 l'installation d'arches de sécurité (détecteurs de métal) à toutes les entrées du palais de justice de Montréal. Mais cette mesure ne tardera pas à se concrétiser.

La mesure a été officialisée par le dépôt du projet de loi 91 au début du mois de juin. Dès cette année, les juges ont reçu l'assurance que des arches seraient installées à deux étages, parmi les plus achalandés du palais. «On procédera à l'installation d'arches dans les endroits les plus à risque d'abord. Plus tard, nous aurons des arches à toutes les entrées», a expliqué à La Presse le juge en chef adjoint à la Cour supérieure, André Wéry.

Les ministères de la Justice et de la Sécurité publique prennent au sérieux les questions de sécurité dans les palais de justice, estime le juge Wéry. «Les choses pourraient toujours aller plus vite, mais cette récente annonce est un grand pas en avant», affirme le magistrat.

Le juge en chef associé à la Cour du Québec, René de la Sablonnière, responsable des questions de sécurité des magistrats, abonde dans le même sens. «Dans une place comme Roberval, les constables et les agents de sécurité connaissent les gens qui entrent au palais. Ils savent qui est suspect et qui ne l'est pas. À Montréal, c'est impossible à détecter. Il y passe 5000 à 6000 personnes par jour et personne n'est actuellement fouillé», explique le juge en chef associé.

«On vit dans un monde plus complexe et plus dangereux qu'il y a 25 ans. Ça nous paraissait évident de s'assurer que les gens ne rentrent pas avec des armes dans les salles de cour», a conclu le juge Wéry.

Avec la collaboration de William Leclerc.