La dénonciation, l'hiver dernier, d'un col bleu de Laval employé au déneigement, frustré de devoir travailler plus d'heures que d'habitude, a valu à la Ville une amende de 10 000$ imposée par la Société de l'assurance automobile du Québec (SAAQ). La Ville de Laval estime que la SAAQ a été moins souple avec elle qu'elle ne l'a été avec Montréal.

Laval a reçu cette amende pour avoir fait travailler trop longtemps, sans pause, ses chauffeurs de camions de déneigement l'hiver dernier, a expliqué le quotidien The Gazette jeudi dernier. Après avoir été prévenue par un col bleu de Laval, la SAAQ a fait appliquer à la lettre la Loi sur les camions lourds, qui prévoit notamment que les conducteurs de véhicules de déneigement doivent s'accorder un repos de 24 heures après sept jours de travail et 10 heures d'arrêt pour chaque période de 24 heures.

Compte tenu d'abondantes chutes de neige, Laval avait dépassé les normes en novembre et en décembre 2007.

La Ville de Montréal a obtenu deux fois une dérogation au cours de l'hiver pour que ses équipes déneigent d'urgence les rues sans respecter toutes les normes. Mais Laval, qui avait aussi demandé une dérogation à la SAAQ, ne l'a jamais obtenue.

Audrey Chaput, relationniste de la SAAQ, a affirmé dans un premier temps à La Presse que Laval n'a jamais demandé de dérogation. «Je suis catégorique, a répliqué le porte-parole de Laval, Marc Laforge. J'étais dans le bureau du directeur général de la Ville, Gaétan Turbide, et je l'ai entendu. Il argumentait avec la SAAQ pour demander une dérogation. Je vous le jure.»

La SAAQ a finalement reconnu que Laval avait demandé une dérogation, mais après l'intervention de ses inspecteurs.

Cette histoire met la SAAQ dans l'embarras. Elle ne veut pas rendre publics les documents qu'elle a dû fournir à The Gazette en vertu de la Loi sur l'accès à l'information. Même la Ville de Laval n'a pu les obtenir.

La SAAQ a dit à La Presse qu'il faut même faire une demande d'accès à l'information pour savoir si les déneigeurs privés de Laval ont aussi été mis à l'amende. Le déneigement est assuré à 50% par le privé à Laval.

Selon M. Laforge, les déneigeurs privés n'ont pas été punis. «On en aurait entendu parler», assure-t-il.

Marc Laforge affirme que Laval ne condamne pas le col bleu qui a dénoncé son employeur. «Il était dans son droit, dit-il. Je sais que ça n'a pas fait l'unanimité chez les employés. Ils comprenaient la situation dans laquelle on était.»

Laval trouve tout de même que cette loi sur les camions lourds n'est pas adaptée à la vie urbaine. «Ces dispositions s'appliquent à du transport lourd interprovincial, dit Marc Laforge. On ne peut les appliquer à des mesures de déneigement ponctuelles et concentrées dans le temps.»

Malgré tout, Laval paiera l'amende. «Comme toutes les municipalités, on était pris avec une situation particulière et la priorité était de déneiger dans les meilleures conditions pour ne pas prendre la Ville en otage», dit M. Laforge.

Il ajoute que la situation ne se reproduira pas. La Ville, en signant la convention collective de ses cols bleus en novembre 2007, a créé 67 postes permanents qui peuvent permettre de combler des besoins d'urgence. «On avait fait les ajustements après la visite des inspecteurs de la SAAQ», précise M. Laforge.