Les roues tordues du vélo vert et les deux chaussures mauves de la victime, restées par terre, ne laissaient aucun doute quant à la force de l'impact. Des dizaines de passants de la rue Saint-Denis, consternés, observaient cette macabre scène, hier après-midi, tandis qu'à l'hôpital, une jeune cycliste s'accrochait désespérément à la vie.

À 15h50, une Toyota jaune se gare sur le côté ouest de l'artère, non loin de la rue Duluth. Son occupant, un homme d'une quarantaine d'années, vient faire des emplettes. En ouvrant sa portière, il ne voit pas la cycliste qui arrive à vive allure par l'arrière.

«Ça s'est fait en un éclair, a confié le chauffeur, encore sous le choc. En une seconde, elle a foncé dans la porte de façon violente.»

La jeune femme de 30 ans a été projetée à gauche, vers le milieu de la rue. Elle a alors été percutée par le taxi qui la suivait.

«On a vu des morceaux du vélo voler en l'air, a relaté Mélissa Arsenault, employée d'une bijouterie située juste en face. On est sortis en courant parce qu'il y avait des gens qui criaient dans la rue.»

La cycliste a été traînée sur plusieurs mètres. Elle est restée coincée sous le pneu arrière lorsque le taxi s'est immobilisé. Pendant que des dizaines de passants composaient frénétiquement le 9-1-1 avec leur cellulaire, quelques-uns se précipitaient au secours de la victime en entreprenant de soulever la Nissan pour la dégager.

Simon Chartrand, qui se trouvait dans une boutique de tatouage, est du nombre. «On a pris le coffre et on a levé, a-t-il dit. Une infirmière est arrivée et nous a dit de ne pas toucher à la fille, mais d'avancer la voiture.»

«Il y a des gens qui disent que ça a pris trois minutes pour que l'ambulance arrive, a ajouté son amie, Annabelle Gauvreau. Mais j'ai eu l'impression que c'était beaucoup plus long. J'avais vraiment hâte qu'ils arrivent.»

Toujours consciente, la jeune femme a été transportée de toute urgence à l'hôpital. Au moment de mettre sous presse, son état était qualifié de «critique» par le porte-parole du Service de police de la Ville de Montréal, Raphaël Bergeron.

La rue Saint-Denis a dû être fermée pendant l'heure de pointe et pour une partie de la soirée, tandis que les enquêteurs tentaient de reconstituer l'accident.

«On est exactement entre deux feux de circulation et les voitures roulent très vite, a constaté Mélissa Arsenault. Des gens font des u-turn, des piétons traversent la rue. À un moment donné, si un vélo s'en vient et qu'une voiture se stationne, ça devient dangereux.»