Les croix de chemin en milieu rural font partie du patrimoine religieux québécois et chacune d'elle a sa petite histoire.

Les croix de chemin en milieu rural font partie du patrimoine religieux québécois et chacune d'elle a sa petite histoire.

Celle érigée au 91, chemin du lac Groleau, à Ripon, est assez particulière. D'une part, parce que son origine date d'il y a 100 ans et qu'elle est située sur l'emplacement de la première chapelle du canton. Mais surtout parce qu'elle a probablement permis d'éviter une invasion de sauterelles qui menaçait de dévaster toutes les récoltes du village.

Construite en 1865, la première chapelle de la paroisse Saint-Casimir de Ripon ne servit que quelques années. Les citoyens trouvaient que l'endroit n'était pas central, car le développement du village se faisait plutôt vers la montagne Noire et le canton du Gore (Valencay). Le site était donc voué à sombrer dans l'oubli le plus complet.

Mais en juillet 1908, la région est frappée d'une période de sécheresse intense. Les sauterelles et d'autres insectes font leur apparition. En les voyant se multiplier, les cultivateurs craignent sérieusement que leur récolte soit complètement ravagée.

À cette époque, le clergé avait une très grande importance. Le contexte religieux du temps faisait en sorte que lorsqu'on était en présence d'un phénomène naturel "extraordinaire", les paroissiens se tournaient vers le Dieu Tout-Puissant pour implorer sa protection.

Le curé de la paroisse, l'abbé J. Jacob Guay, décide donc de mobiliser la population. Au prône du dimanche 12 juillet, il annonce l'organisation de processions dans tous les rangs de la paroisse avec des arrêts aux croix de chemin de chaque rang.

C'est ainsi que le vendredi 17 juillet 1908, une grande partie de la population, avec le curé et les enfants de choeur en tête, se rendent en procession sur le site de la première chapelle. On procède à la bénédiction de la croix (ou calvaire) nouvellement érigée et l'abbé Guay procède à un rituel religieux spécial pour conjurer le fléau des sauterelles. Cette manifestation de piété aura des effets bénéfiques.

"Le curé, après la bénédiction du nouveau calvaire, procède à l'exorcisme des sauterelles et autres insectes nuisibles aux fruits, grains et autres futures récoltes. Le Seigneur en donnant suite, une pluie abondante et bienfaisante a donné gage de sa bonté qu'il acceptait nos prières", peut-on lire dans un extrait d'une lettre que le curé Guay a fait parvenir à Monseigneur Duhamel, quelques jours plus tard.

C'est depuis ce temps que la grande croix en bordure du chemin du lac Groleau rappelle aux passants, non seulement cette page d'histoire, mais qu'ils se trouvent également devant le berceau de la paroisse Saint-Casimir et de la municipalité qui célébreront, dans quelques années, leurs 150 ans d'existence.

Pour souligner ce fait marquant de 1908, les membres des familles Sabourin et Séguin-Thériault, de même que des représentants de la fabrique et de la municipalité, se rassembleront dimanche, à 14 h, devant la croix de chemin du rang 4. La croix actuelle est la troisième à être située à l'endroit même où le premier calvaire fut érigé, il y un siècle.