Le canton de Russell devra défendre la légalité de son règlement sur l'affichage bilingue commercial extérieur le 25 septembre prochain à la Cour supérieure de l'Ontario, à Ottawa.

Le canton de Russell devra défendre la légalité de son règlement sur l'affichage bilingue commercial extérieur le 25 septembre prochain à la Cour supérieure de l'Ontario, à Ottawa.

Le militant anglophone Howard Galganov a informé LeDroit, la semaine dernière par voie de courriel, que son avocat de la firme Barnes, Sammon LLP d'Ottawa avait officiellement déposé une poursuite devant la cour, le 2 juillet, pour contester le nouveau règlement en vigueur dans le canton de l'Est ontarien.

Hier en fin d'après-midi, un porte-parole au ministère du Procureur général de l'Ontario a attesté l'existence du dossier 08-CV-41980. "Je peux vous confirmer qu'il y a une poursuite initiée par M. Galganov", a signalé Brendan Crawley.

Au canton, on attendait depuis quelques semaines les documents officiels de la cour. Ils les ont reçus hier de leur avocat.

Me Ronald Caza, célèbre pour ses antécédents en matière de la défense des droits des francophones, a confirmé au Droit, hier, que le canton de Russell avait retenu ses services.

"C'est assez incroyable qu'un individu veut mettre de côté un arrêt municipal qui n'enlève rien à personne", a-t-il affirmé.

Me Caza avait été invité par la municipalité lors de l'adoption du règlement le 16 juin dernier. Il avait aussi pris connaissance de la lettre d'intention de M. Galganov sans pour autant être alarmé par le document.

M. Galganov reprend son cheval de bataille du milieu des années 1990. Il s'était dressé farouchement contre les exigences de la Loi 101 au Québec. Cette fois, il s'oppose au règlement sur l'affichage bilingue "forcé".

"Ce n'est pas une question de langue mais plutôt une question de droit individuel. Un tel règlement soutire des droits aux commerçants. Quand c'est obligatoire, on perd tous des libertés", avait-il dit au Droit lors d'une entrevue le 12 juin.

Depuis l'adoption du règlement, M. Galganov refuse toute entrevue avec les médias francophones. Il les accuse de faire du journalisme "jaune".

Incitation à la haine

L'homme de 58 ans a ignoré les questions du Droit concernant la plainte déposée contre lui au criminel par le président de la Ligue québécoise contre la francophobie canadienne, Gilles Rhéaume, pour incitation à la haine.

Sur son site web, M. Galganov traite M. Rhéaume "d'homme sans valeur" (worthless piece of work) et se dit prêt à toute éventualité, y compris une visite des autorités. Le principal intéressé multiplie aussi les attaques contre les francophones.

"L'affaire, c'est que les Franco-Ontariens ethnocentriques fanatiques ne veulent pas que les anglophones aient des droits individuels. Si vous voulez vivre en français avec des fonds publics, déménagez au Québec", dit-il dans un autre de ses textes.

Récemment, le résidant de Williamstown, situé à quelque 80 kilomètres de Russell, a loué un local dans le canton pour exercer son métier et il s'est joint à la Chambre de commerce de Russell - qui dénonce également le règlement - afin de justifier sa bataille. "Personne ne peut suggérer que je n'ai aucun intérêt dans le canton", se défend-il.

Par ailleurs, M. Galganov dit vouloir mettre fin au taxage de la minorité francophone au détriment de la majorité anglophone.

Abolir le bilinguisme

C'est pour cette raison qu'il veut se présenter à titre de candidat indépendant aux prochaines élections fédérales dans la circonscription de Stormont-Dundas-et-Glengarry-Sud avec le message "Ensemble : regagnons le Canada."

Il ne cache pas que ses intentions derrière le slogan sont d'abolir le bilinguisme officiel, de mettre fin aux transferts monétaires pour les institutions francophones et de "montrer la porte au Québec."

La semaine dernière, dans un hebdomadaire anglophone de Russell, l'activiste a placé une annonce pleine page demandant des dons pour lutter contre le règlement sur l'affichage bilingue. Il nie que toute contribution financière servira plutôt à sa campagne électorale.