Aujourd'hui, le téléphone révolutionnaire iPhone d'Apple arrive au Canada, plus d'un an après son introduction dans le reste du monde. Cherchez l'erreur.

Aujourd'hui, le téléphone révolutionnaire iPhone d'Apple arrive au Canada, plus d'un an après son introduction dans le reste du monde. Cherchez l'erreur.

C'est la compagnie Rogers qui en fera la mise en marché. Ce téléphone portable vient concurrencer le fameux BlackBerry de la compagnie canadienne Research in Motion dans le créneau des appareils "intelligents". Alors que ce dernier a fait sa marque auprès de la clientèle d'affaire, le iPhone s'adresse surtout au grand public. Il a cependant valeur de symbole du malaise et de la crise de confiance qui frappe l'industrie des télécommunications au Canada dans un environnement réglementaire qui peine à suivre la parade.

Notre pays s'est construit le long d'un chemin de fer au 19e siècle parce qu'il nous a permis de développer un immense territoire. Le 20e siècle a été marqué par le développement fulgurant des communications dont nous avons été des précurseurs et des leaders. Se pourrait-il alors qu'au 21e siècle nous traînions de la patte à l'ère du numérique et du sans fil avec l'éclatement des frontières physiques et l'adoption par le grand public des nouvelles technologies de l'information et des télécommunications ?

L'iPhone est la mesure et le symbole de la grogne des Canadiens à l'endroit des grandes entreprises de télécommunications qui tardent à adapter leur tarification à de nouvelles réalités incontournables. À titre d'exemple, la tarification de l'iPhone est l'objet d'une levée de boucliers qui a forcé Rogers à se raviser et améliorer son offre d'abonnement pour l'iPhone. Pourquoi ? Parce que seule Rogers peut l'offrir puisqu'elle seule opère le réseau mobile de troisième génération, ce qui lui confère un net avantage sur le marché canadien.

Comment en sommes-nous arrivés là ? Par manque de vision à long terme, par un manque d'ouverture et de transparence, par manque de véritable concurrence, par une tarification qui intrigue le consommateur, par des contrats indécents, par une réglementation publique qui arrive à peine à suivre les progrès technologiques. On ne parle pas ici de "gadgets cool", mais plutôt d'un contexte réglementaire, économique et corporatif qui décourage le développement, la diffusion et l'adoption de nouvelles technologies.

Il suffit d'essayer de comprendre un contrat de cellulaire pour en avoir la démonstration. Tant que c'est le patron qui paye, on ne s'en préoccupe pas trop. C'est à partir du moment où les consommateurs ont commencé à adopter ces technologies que la grogne s'est installée. Ce n'est pas pour rien que la pénétration des appareils portables au Canada n'a pas évolué à la même vitesse qu'ailleurs dans le monde.

L'arrivée de l'iPhone plus d'un an après son introduction démontre que le Canada n'est pas perçu comme avant-gardiste dans le développement du sans-fil pour le grand public. On ne peut reprocher aux entreprises de vouloir maximiser leurs profits, le rendement à leurs actionnaires et les tarifs que les consommateurs sont prêts à payer.

Bien sûr, il n'y a rien de gratuit en ce bas monde et la capacité des réseaux, quels qu'ils soient, n'est pas illimitée. Il faut investir des milliards pour répondre à une demande qui croit à une vitesse fulgurante à mesure que ces technologies se développent et sont adoptées par le grand public.

Mais la donne est en train de changer et l'industrie doit s'y ajuster. Les consommateurs comprennent que la facture croît avec l'usage. Ils ne sont cependant pas prêts à accepter de se lier pieds et poings à des contrats à sens unique qui nécessitent un doctorat pour comprendre. Avant ils comparaient avec le voisin. Aujourd'hui le voisin, c'est le Français, l'Allemand, le Britannique et l'Américain qui ont le même iPhone ou autre appareil à des conditions plus avantageuses. Les fournisseurs, les organismes réglementaires et la concurrence doivent s'ajuster.

La porte ne peut être ouverte et fermée en même temps. Si on ouvre les frontières à l'aide des technologies, il faut être prêt à ouvrir le reste concurrence, réglementation, tarifs, appareils et... les esprits.