En cas d'incendie au dépotoir de Westville, à la frontière canado-américaine, la Ville de Huntingdon n'enverra pas ses pompiers combattre les flammes. Le maire Stéphane Gendron a pris cette décision lundi au terme d'une assemblée publique régionale.

M. Gendron proteste ainsi contre l'agrandissement du dépotoir de Westville, situé dans l'État de New York. Le projet d'expansion du terrain d'enfouissement de déchets suscite beaucoup de polémique. La Ville de Huntingdon craint notamment la contamination des nappes phréatiques.

L'entreprise County of Franklin Solid Waste Management Authority est responsable du projet d'expansion. Son porte-parole, George Eades, se dit «excédé» par les tactiques employées par le maire de Huntingdon. «Il insinue qu'il y a eu 10 incendies. Or, il y en a eu un seul en 1999. En 2006, il y a eu un petit incendie qui a été maîtrisé en une heure», souligne-t-il.

M. Eades estime que la couverture médiatique accordée au projet d'agrandissement du dépotoir est démesurée. «M. Gendron est à la recherche d'attention. Il a travaillé à la radio et à la télévision, il aime quand les projecteurs sont braqués sur lui», dit-il.

Campagne de désinformation

M. Eades accuse M. Gendron de mener une campagne de désinformation. «Ils font des meetings sans m'informer. Ils ne me donnent pas l'occasion de donner mon point de vue», se plaint-il. L'ingénieur canadien affirme également que le dépotoir n'affecte pas la qualité de l'eau potable. «La Société de conservation et d'aménagement du bassin de la rivière Châteauguay a fait une étude dont la conclusion est sans équivoque : de tous les affluents de la rivière Châteauguay, la rivière à la Truite est celle qui possède l'eau de meilleure qualité. Et ce, bien qu'elle soit située à proximité du dépotoir.»

Les deux parties sont à couteaux tirés. Jean-Pierre Proulx, le maire du canton d'Elgin, a choisi son camp. Il appuie M. Gendron et remet en question l'intégrité de M. Eades. «Il ment comme un arracheur de dents, dit-il. Le dépotoir a déjà reçu des amendes pour déversements illégaux.» M. Proulx cherche avant tout à mobiliser la population canadienne. «Ça peut se généraliser. Si on n'agit pas, il va y avoir des dépotoirs tout le long de la frontière», prévient-il.

Dans une lettre adressée au maire d'Elgin, le ministre des Affaires étrangères, David Emerson, a dit être au courant des préoccupations des municipalités situées près de la frontière. Cependant, il préfère attendre les résultats de l'étude d'impact avant d'intervenir.