Jean-Philippe Mailhot a été déclaré coupable du meurtre non prémédité de sa femme, Anna-Maria Salinas Norbakk, cet après-midi, au palais de justice de Montréal.

L'homme de 25 ans a écopé automatiquement l'emprisonnement à vie. Entérinant la recommandation du jury, le juge Jean-Guy Boilard lui a imposé la peine minimum à purger avant d'être admissible à une libération conditionnelle, soit dix ans.

L'atmosphère était extrêmement tendue lorsque les jurés sont entrés pour annoncer leur verdict. La soeur de Mailhot, de même que sa mère, ont fondu en larmes en entendant leur décision. La mère de la victime, Gunn Norbakk, qui est venue exprès du Chili pour assister au procès, est sortie de la salle peu de temps après, soutenue par l'enquêteur aux homicides, Patrice Carrier. «Je suis satisfaite, mais je suis triste, car il y a une mère qui souffre», a-t-elle dit en faisant allusion à la mère de Mailhot. Effondrée, cette dernière a d'ailleurs quitté l'étage en chaise roulante. La famille espérait sinon l'acquittement, au moins un verdict moindre. Le jury a opté pour le verdict le plus lourd. L'avocat de Mailhot, Me Christian Desrosiers, a indiqué qu'il allait examiner attentivement le dossier en vue d'un appel.

Poignardée 34 fois

Anna-Maria Salinas Norbak est morte poignardée à 34 reprises la nuit du 13 octobre 2004, dans le logement qu'elle partageait depuis peu avec Mailhot, rue Larin, à Montréal-Nord. Le couple s'était connu par le biais de jeux de rôles sur Internet en 2002. Se trouvant des affinités à travers le jeu virtuel, ils avaient fini par se rencontrer dans le monde réel. La victime résidait alors au Chili. Il se sont épousés au Québec le 13 août 2004, soit exactement deux mois avant le drame.

La nuit du crime, avant d'appeler le 9-1-1, Mailhot avait tenté de maquiller la scène pour faire croire à l'oeuvre d'un voleur. Mais le camouflage était si grossier, que Mailhot avait été arrêté la nuit même. Il était couvert de sang. Par la suite, il affirmait que sa jeune épouse s'était suicidée en se rentrant le couteau dans la gorge, et que lui l'avait achevée pour abréger ses souffrances. Il a maintenu cette version au procès, en expliquant que sa femme était suicidaire, et qu'elle se mutilait. Les jurés ont d'ailleurs pu prendre connaissance de certains «chatts» de la victime sur Internet, qui tendaient à soutenir cette théorie.

Écoutez l'appel au 911 de l'accusé



À lire :

> Des écrits sur Internet provenant de la victime. Ces extraits ont été soumis comme preuve au jury.

9 septembre 2002

Avez-vous déjà été si déprimé et agressif que la seule chose que vous vouliez faire c'était frapper sur un mur ou sauter d'un édifice.

C'est comme ça que je me sentais aujourd'hui... les gens sont stupides, haineux... et je les haïs en retour.

Je voudrais être morte.

10 novembre 2002

(au sujet de son père qui s'est pendu alors qu'elle avait dix ans)

Merci de m'avoir quittée. Merci d'avoir pris la voie facile et m'avoir laissée sans personne à qui me confier lorsque j'avais besoin de conseils.

Merci d'avoir laissé maman toute seule, de m'avoir laissé toutes les responsabilités maintenant que mon frère est parti... merci papa, merci D'AVOIR RUINÉ MA VIE!!!

15 novembre 2002

Pourquoi les choses finissent comme ça? Pourquoi je me retrouve avec des coupures aux bras et plusieurs petits bouts de cheveux dispersés autour de la chambre?

16 novembre 2002

Je ne me ferai plus jamais mal... j'ai fait une promesse... pourtant je veux quand même disparaître de la surface de la terre.

23 mars 2003

Je suis faible... Je suis faible et je le sais.

Je laisse les mots des autres me blesser comme s'ils étaient des poings frappant mon visage.... Je suis blessée trop facilement, mais qui ne serait pas blessée... par des mots si durs... J'essayais de clavarder un peu quand quelqu'un a abordé le sujet de mon poids. Ça ne me tentait pas de débattre du fait que je sois grosse ou pas, alors j'ai quitté, mais cet abruti ne voulait pas me laisser tranquille...

Pourquoi? As-tu honte de tes bourrelets et de ton triple menton?

VA CHIER!

...

Bien je suis morte... aussi morte qu'une morte peut l'être...

Je m'excuse Charles, mais je ne suis plus capable... Je ne peux plus vivre une vie ou n'importe quel abruti sent qu'il a le droit de m'insulter à volonté.

Je vais en finir ce soir.

Je suis désolée... tellement désolée.

Je ne vaux pas tes larmes.

Je t'aime

Au revoir

13 octobre 2003 (un an jour pour jour avant sa mort)

Merde

Je ne peux même pas garder une promesse de ne plus me faire de mal... Je n'ai tellement pas de vie que ça me fait du bien... et je sais que ça ne règle rien mais ça me fait du bien,

Personne à part quelqu'un qui fait vraiment ça peut savoir à quel point ça soulage, de sentir que vous avez le contrôle total sur quelque chose, sur ce qui va vous arriver.

Juste une petite pression de la lame est suffisant pour faire pencher la balance dans une direction ou dans l'autre... c'est si facile et si... enivrant, comme si vous aviez un pouvoir incroyable... vous décidez et contrôlez pleinement la situation.

Je suis tellement amochée dans ma tête en ce moment, et pas seulement dans ma tête. Il semble que j'aie frappé quelque chose il y a quelque temps... quel fouillis...

Ça me fait peur de me sentir bien en le faisant... Je ne veux pas du tout arrêter de le faire. Seulement continuer et continuer... C'est... épeurant.

20 janvier 2004

Dans mon enfer personnel je ne vaux rien, peu importe combien j'essaie, peu importe combien je me bats, ça ne fait aucune différence en enfer. Je ne vaux tout simplement rien. Je suis laide, je suis grosse, je suis stupide... et toutes ces choses sont vraies...

Tout ce que je fais n'a aucune valeur... c'est juste des vidanges, destinées à brûler et disparaître, en ne laissant aucune trace.

10 mars 2004

Je n'ai pas pensé à ça pour un moment déjà.

Et je dois admettre que je souhaite ne plus jamais y penser.

Mais me voilà... je considère la possibilité de recommencer à me couper.

Je sais que ça peut paraître insensé de ma part de recommencer... Je veux dire, je me marie dans quelques mois, et moi et Charles nous serons réunis dans seulement deux mois. Et j'ai cette envie irrésistible de prendre un scalpel et de le rentrer dans ma chair.

Il doit y avoir quelque chose de vraiment pas normal chez moi.

Je sais où est la lame... Elle se trouve à moins de deux mètres de moi. Encore emballée dans son petit emballage scellé.

Je ne m'en suis pas servie encore.

Ce serait si facile, si facile de démissionner et de déballer la lame... et la passer sur ma peau.

Je pense que je ressentirais même un soulagement en le faisant.

Peut-être que je devrais... Je sais que je ne devrais pas... Je sais que Charles me fait confiance là-dessus... Mais moi je ne me fais pas confiance.

J'ai cette sensation dans mon ventre à nouveau... Cette lourde sensation d'avoir avalé une roche géante et qu'elle est un poids énorme.

18 mars 2004

J'ai recommencé... Je n'ai pas pu résister.

Je me déteste tellement pour ne pas avoir pu m'empêcher de le faire...

Je déteste mon corps... Il est répugnant à regarder... dégoûtant à toucher... Je le déteste tellement... espèce de corps flasque, gras, laid, dégoûtant.

GROSSE VACHE

GRASSE GRASSE GRASSE!

VACHE!

GROSSE!

GROS CUL!

OBÈSE!

VACHE!

GROSSE CHIENNE!

Je te déteste Je te déteste Je te déteste Je te déteste Je te déteste Je te déteste Je te déteste

GROSSE CHIENNE LAIDE!

VACHE!

TU ME RENDS MALADE!

JE NE PEUX PLUS TE REGARDER DANS LE MIROIR!

TU ME DÉGOÛTES!

JE TE DÉTESTE!

JE TE DÉTESTE!