Un projet américain d'immense dépotoir, que l'on soupçonne d'être aménagé pour desservir la ville de New York, fait frémir les autorités des municipalités québécoises situées à quelques kilomètres du terrain convoité.

Le County of Franklin Solid Waste Management Authority veut multiplier par six la superficie du dépotoir de Westville, situé à deux kilomètres de la frontière. La surface passerait de 100 acres à 600 acres. «C'est beaucoup trop grand pour le comté de Franklin», estime Jean-Pierre Proulx, maire de la ville d'Elgin. «Je suppose qu'ils vont importer les déchets de la ville de New York.»

M. Proulx craint que l'expansion du dépotoir ne contamine les nappes phréatiques du Québec. Le terrain est situé près de la rivière à la Truite, un affluent de la rivière Châteauguay. En cas de contamination, les municipalités d'Elgin et de Huntingdon, entre autres, seront durement affectées puisqu'elles tirent leur eau potable de la nappe phréatique et de la rivière Châteauguay.

«Ils agissent comme si personne ne vit au nord du 45e parallèle», dit M. Proulx. Outre les problèmes de santé liés à l'agrandissement du dépotoir, les habitants des municipalités situées près de la frontière craignent que la valeur de leurs propriétés ne baisse.

«Nous avons fait part de nos craintes aux représentants du comté de Franklin. Ils nous ont répondu que ce qui ne passe au nord de la frontière ne les concerne pas», raconte David Drummond, un conseiller municipal de la ville d'Elgin. «C'est ridicule. Elgin est situé à deux kilomètres de la frontière, nous partageons le même environnement.»

Bien qu'on leur ait assuré qu'un dispositif de sécurité serait mis en place afin d'éviter que le lixiviat (jus de poubelle) ne pollue l'eau, M. Proulx et les maires des municipalités voisines demeurent sceptiques et impuissants.

«Nous n'avons pas assez de pouvoir pour arrêter ce projet», concède Stéphane Gendron, maire de Huntingdon. «La ministre de l'Environnement du Québec, Line Beauchamp, n'ose pas prendre position tout de suite. Elle veut avoir le portrait complet. Au mois d'août, elle va envoyer ses fonctionnaires sur le site de Westville.»

La députée bloquiste de la région, Claude De Bellefeuille, souhaite que la Commission mixte internationale, l'organe chargé de régler les litiges concernant les eaux limitrophes, se saisisse du dossier.