Le taux global de criminalité au pays, fondé sur les données de la police, a diminué pour une troisième année consécutive, l'an dernier, selon Statistique Canada. Certains croient que ces données, dévoilées jeudi, auront un impact sur les appuis au Parti conservateur, qui se décrit comme le parti qui mène la lutte la plus féroce face au crime.

«Si le taux de criminalité continue de baisser, la peur n'augmentera pas, elle pourrait même diminuer ou se stabiliser», a expliqué le président de la firme de sondage Harris-Decima, Bruce Anderson, suggérant que la lutte au crime pourrait alors devenir moins utile pour le parti de Stephen Harper.

Selon Statistique Canada, la baisse de 7 pour cent du taux de criminalité est surtout attribuable aux fléchissements des affaires de contrefaçon de monnaie et des infractions comme le vol de 5000 $ et moins, l'introduction par effraction et le vol de véhicules à moteur.

Le nombre de vols à main armée a diminué de 12 pour cent, atteignant son niveau le plus bas en 30 ans.

Statistique Canada a rapporté une diminution du nombre de crimes violents, comme les homicides, les tentatives de meurtre, les agressions sexuelles et les vols, l'an dernier. Les policiers ont enregistré 594 meurtres en 2007, contre 606 en 2006.

Les voies de fait graves, incluant celles commises avec une arme, sont restées stables en 2007, après une hausse l'année précédente.

Après avoir augmenté en 2006, le taux global de criminalité chez les jeunes Canadiens âgés de 12 à 17 ans a légèrement diminué en 2007.

Les taux de criminalité ont connu une baisse dans toutes les provinces et territoires, sauf Terre-Neuve-et-Labrador, les Territoires du Nord-Ouest et le Yukon.

Pour une quatrième année consécutive, l'Ontario et le Québec ont enregistré les taux de criminalité provinciaux les plus faibles. Les taux les plus élevés ont été enregistrés dans les provinces de l'Ouest, poursuivant ainsi la tendance observée au cours des 30 dernières années.

Le premier ministre Stephen Harper a déjà rejeté les données suggérant une diminution du taux de criminalité, indiquant que, selon lui, l'émotion est un meilleur baromètre. Plus tôt cette année, il a accusé ceux qui se servent des statistiques pour s'opposer aux politiques contre la criminalité des conservateurs d'être les défenseurs des criminels.

«(Ils) essaient d'apaiser les Canadiens avec des statistiques, avait-il dit à des partisans en janvier. Ils disent que vos expériences personnelles et que vos impressions sont fausses et que le crime n'est pas vraiment un problème.»

Cette déclaration a trouvé écho du côté du ministre de la Justice, Rob Nicholson, jeudi. «Nous ne gouvernons pas avec des statistiques, a-t-il dit. Nous gouvernons à partir de ce que nous avons promis aux Canadiens lors des dernières élections et de ce que les Canadiens nous ont dit.»

Par ailleurs, selon le directeur de l'Institut pour la prévention de la criminalité de l'Université d'Ottawa, Irvin Waller, les données de Statistique Canada ne disent pas tout. M. Waller affirme ainsi que moins de victimes de crimes portent plainte à la police parce qu'ils ne font plus confiance au système judiciaire.

Selon lui, les données tirées des rapports de police sont moins fiables que les sondages périodiques sur les victimes effectués par Statistique Canada, qui donneraient une meilleure vue d'ensemble de la criminalité au pays.