Au cours de la dernière année, le CHUM a perdu 2,7 millions de dollars aux mains de patients qui n'ont pas payé leur facture. Les étrangers de passage représentent une part de ces usagers délinquants. Mais la majorité sont des Québécois qui ont refusé de payer pour leur chambre privée ou leur service de télévision.

Du 1er janvier 2007 au 13 mai 2008, le Centre hospitalier de l'Université de Montréal (CHUM) a accumulé 2 769 087,42$ de créances impayées, révèlent des documents obtenus par La Presse en vertu de la Loi sur l'accès à l'information.

Et 648 patients provenant de l'étranger, principalement des touristes, n'ont pas payé pour les soins qu'ils ont reçus au CHUM. Ces personnes doivent toujours 1 724 893$ à l'établissement.

Année après année, le phénomène se répète. De 2000 à 2007, des étrangers en visite ont laissé un total de 4 millions de créances impayées au CHUM.

Ce week-end, le ministère de la Santé et des services sociaux (MSSS) du Québec

a publié ses données sur les factures impayées par les étrangers dans les hôpitaux de la province. En 2007, les patients étrangers ont refusé de payer 12 millions de dollars à différents hôpitaux québécois.

L'an dernier, ce montant s'élevait à 11 millions de dollars. Et en 2004, on ne parlait que de 7 millions.

Surtout des Québécois

Si le MSSS publie des données sur les patients non payeurs étrangers, il est impossible de savoir combien de Québécois refusent de payer leur facture dans les hôpitaux du Québec.

Pourtant, au cours de la dernière année au CHUM, les Québécois ont été plus nombreux que les étrangers à ne pas payer1161 citoyens ont laissé des créances totalisant 1 044 194,42 $.

«Ces patients sont couverts par l'assurance maladie. Les traitements qu'ils ont reçus sont payés. Mais la plupart de ces personnes ont séjourné dans une chambre privée ou semi-privée et ont négligé de payer leurs coûts supplémentaires de chambre», explique la porte-parole du CHUM, Nathalie

Forgues.

Le jour où ils obtiennent leur congé de l'hôpital, ces personnes quittent l'établissement en douce. «On ne peut pas retenir tous ces gens. Si on le voulait, il faudrait mettre en place des ressources extraordinaires», dit Mme Forgues.

La responsabilité de récupérer l'argent des patients délinquants incombe aux hôpitaux. Le MSSS n'a aucun pouvoir à ce sujet. Pour retrouver son argent, le CHUM engage des agences de recouvrement et contacte les patients par le biais des centres de santé et de services sociaux (CSSS) de la province. «On récupère en moyenne 90% de nos mauvaises créances», assure Mme Forgues.

Ces démarches de recouvrement entraînent toutefois des dépenses. Les agences doivent être payées et le personnel du CHUM doit prendre le temps de retrouver les patients. Mais le CHUM a été incapable hier de dire à combien s'élèvent ces dépenses.

Avec la collaboration de William Leclerc.