Contrairement au premier ministre Stephen Harper, qui affirme qu'Omar Khadr doit subir son procès pour crimes de guerre aux États-Unis, l'avocat militaire américain qui défendra le jeune homme a déclaré mercredi qu'il ne croyait pas que justice sera rendue.

Le lieutenant William Kuebler s'en est pris mercredi à la commission militaire qui jugera Khadr en octobre pour avoir soi-disant tué un soldat américain en Afghanistan alors qu'il était âgé de 15 ans.

«Il n'aura pas droit à un procès juste, a confié M. Kuebler à La Presse Canadienne depuis son bureau de Washington D.C. Les commissions militaires ne sont pas faites pour être justes, elles sont faites pour produire des condamnations».

L'avocat croit que la récente attention médiatique qu'a reçue Omar Khadr devrait convaincre M. Harper qu'il doit agir et rapatrier le citoyen canadien dans son pays.

Le premier ministre a toutefois jusqu'ici rejeté l'idée d'intervenir.

Selon M. Kuebler, ceux qui ont vu la vidéo diffusée mardi montrant Khadr appeler sa mère en pleurant et qui croient toujours que le jeune homme a juré de mourir au combat aux côtés de terroristes d'al-Qaïda sont «fous».

«La vidéo montre Omar Khadr non pas comme un terroriste sans scrupule mais bien comme un garçon effrayé», a-t-il dit.

Le sergent Layne Morris, qui est devenu aveugle à la suite du combat qui a mené à la mort du sergent Chris Speer et auquel Khadr est accusé d'avoir participé, est pour sa part convaincu que le jeune homme est un incorrigible terroriste et que la vidéo ne devrait susciter aucune sympathie.

«Il est déçu d'être vivant et entre les mains des forces de la coalition plutôt qu'au paradis entouré de 72 vierges», a-t-il lancé. Le soldat, qui sera l'un des témoins vedettes au procès, croit que Khadr doit subir son procès en sol américain parce qu'il a commis «des crimes d'adultes» contre des Américains.

Selon lui, Khadr voulait tuer le plus grand nombre de soldats américains et canadiens que possible. «Il a attendu que les troupes soient assez près pour pouvoir lancer sa grenade. C'est cette grenade qui a tué Chris Speer», a raconté le sergent Morris.

William Kuebler a qualifié ce scénario d'«imaginaire» et a ajouté que M. Morris n'était plus sur la scène du combat lorsque le sergent Speer est décédé.

L'avocat a prédit qu'en l'absence d'une demande de rapatriement de la part du Canada, il y aura de la pression aux États-Unis pour qu'il y ait condamnation avant que le président George W. Bush quitte la Maison-Blanche en janvier.