Je travaille à Albatros, dont le bureau est installé à l'église St-Benoît. J'apprends que l'église a été achetée par la ville pour 200 000 $ et qu'elle va changer de vocation. Elle va abriter d'autres organismes communautaires. L'essentiel de l'église va être conservé.

C'est une bonne nouvelle pour cette église superbe construite sur le modèle de St-Benoît du Lac. C'est le temps du grand ménage et en fin de semaine dernière on vendait l'ameublement. Les bancs aussi sont à vendre.

Je suis sensible à cette question de l'avenir des églises de Granby. On sait que l'on veut aussi évaluer la possibilité de construire une bibliothèque à l'église Notre-Dame. Que se passe-t-il donc?

Les Québécois fréquentent moins leurs églises. Les fabriques n'arrivent plus à entretenir ces bâtiments dispendieux. L'évêque Mgr Lapierre avait annoncé que l'on devrait se départir de plusieurs églises à Granby. Ce fut le cas de l'église l'Assomption qui fut désacralisée et sert maintenant de lieu de loisirs.

Tout cela me rend un peu nostalgique. L'église, son clocher et les cloches ponctuaient anciennement les activités de la paroisse. On ressentait une sorte de présence et de sécurité. L'église a été la plupart du temps l'édifice le plus élevé dans la ville. Elle symbolisait la vie paroissiale.

Ce problème n'est pas exclusif à Granby. C'est aussi le cas de petites villes avoisinantes. À Montréal, certaines églises ont été transformées en condominiums. On a enlevé et vendu les vitraux.

Il serait dommage de laisser ainsi partir notre patrimoine ou de le détruire. Les églises représentent notre passé et une partie importante de notre identité et de notre culture.

En 2006, la Commission de la culture, présidée par Bernard Brodeur, a déposé un mémoire sur le patrimoine religieux du Québec. Depuis, des sommes ont été allouées à différentes églises pour les rénover. Le futur des églises nous concerne tous, collectivement.

Pour conclure, j'ai fait un rêve. Je me retrouvais à Dorval où j'ai passé mon enfance. J'avançais vers notre église, La Présentation de Marie, avec émotion et j'entrais à l'intérieur. Or, l'intérieur devenait l'extérieur. Je me retrouvais dans une rue, avec des boutiques qui vendaient des journaux et du tabac. Ici, le spirituel rejoint le quotidien et le matériel. C'est une messe sur le monde comme le concevait Teilhard de Chardin.

Roger Duval, Granby