Le ministre de l'environnement John Baird a freiné les attentes au sujet des cibles de réduction des gaz à effet de serre pour la période post-Kyoto (2012), hier, en route vers le sommet du G8 au Japon. «Il n'y aura pas d'accord final à Toyako sur cette question», a-t-il déclaré de façon catégorique aux journalistes.

Pourtant, le Japon, qui préside le sommet qui débute aujourd'hui, a de grandes ambitions à cet égard. Il désirait que le G8 envoie au monde «un message fort» sur les changements climatiques en parvenant à un accord afin de fixer des cibles de réduction des GES. Tokyo souhaite également – comme le Canada, la Russie et les États-Unis – que tous les grands émetteurs de la planète (la Chine, l'Inde et le Brésil, notamment) se joignent à la lutte des pays développés contre le réchauffement climatique.

À son arrivée hier, George W. Bush a promis au premier ministre japonais d'être «constructif», même si son pays n'a pas ratifié les accords de Kyoto. Il a cependant à son tour lancé une mise en garde : «Si la Chine et l'Inde ne partagent pas les mêmes aspirations que nous, on ne réglera pas le problème.»

John Baird, qui accompagne M. Harper au sommet, affirme que les membres du G8 et leurs invités peuvent faire avancer les choses et se mettre d'accord sur les grands principes. Mais selon lui, un accord global sur la limitation des GES ne prendra sa forme définitive qu'aux conférences de l'ONU sur le changement climatique qui auront lieu en Pologne en décembre et au Danemark en 2009.

«Ici au Japon, dit le ministre, on souhaite se donner une bonne impulsion. Nous allons travailler de façon constructive avec les autres pays du G8, mais aussi avec les autres grandes économies de la planète. Il est obligatoire pour nous d'avoir toutes les grandes économies à la table de discussion.»

M. Harper, tout comme le président Bush, n'est pas très favorable aux objectifs japonais et européens, qui se donnent jusqu'en 2020 pour réduire les émissions GES de 20% par rapport à ce qu'elles étaient en 1990. Le gouvernement conservateur considère que cette cible est irréaliste et a plutôt adopté 2006 comme année de référence. Le premier ministre ne veut cependant pas passer pour l'allié indéfectible de Bush dans cette affaire. Il essaie depuis quelque temps de se donner l'image d'un conciliateur entre Washington et les Européens en tentant de convaincre le G8 que tous les grands émetteurs, dont justement l'Inde et la Chine, doivent participer à un éventuel traité sur la réduction des GES.

Alors à quoi bon mettre le réchauffement climatique au programme des discussions du G8? «Il est très utile que les chefs d'État et de gouvernement du G8 s'assoient à la même table pour discuter de cette question, dit John Baird. C'est une bonne occasion pour eux de poursuivre le dialogue jusqu'au sommet de Copenhague l'a prochain.»