Le premier ministre Stephen Harper expliquera aux dirigeants du G-8, la semaine prochaine, qu'il est inutile de conclure un accord mondial de lutte aux changements climatiques sans la participation des plus grands pollueurs mondiaux.

«Je peux vous montrer les mathématiques: ce n'est pas possible pendant les décennies à venir de vraiment réduire les émissions de gaz à effet de serre sans la vraie participation, d'une certaine façon, des pays en voie de développement», a-t-il martelé mercredi, lors d'un point de presse en compagnie de son homologue français François Fillon.

D'après Stephen Harper, il est par ailleurs essentiel de lier le débat sur les changements climatiques à des discussions sur la croissance économique et la sécurité énergétique.

Le chef du gouvernement canadien a transmis le même message en Europe au moi de mai dernier. Au cours d'escales en France, en Allemagne, en Italie et en Grande-Bretagne, il avait alors expliqué le plan vert du Canada en prévision du sommet du G-8 à Hokkaido, au Japon.

Mercredi, il a laissé entendre que ses efforts donnaient des résultats. «On va voir au Sommet mais mon impression des mois récents est qu'on commence à voir des positions des Européens et des États-Unis qui deviennent un peu plus proches de la nécessité de tout le monde de participer», a-t-il déclaré.

François Fillon, dont le pays assume pour six mois la présidence de l'Union européenne, s'est toutefois bien gardé d'acquiescer. D'après lui, l'UE tient toujours à réduire ses émissions de GES de 20 pour cent par rapport à leur niveau de 1990, ce qui serait supérieur aux exigences du protocole de Kyoto.

Le premier ministre français a souligné que l'Europe ne pouvait pas agir seule et il a appelé les pays industrialisés, dont le Canada et les États-Unis - souvent perçus comme les mauvais élèves des changements climatiques - à «montrer l'exemple».

Ce discours se rapproche de celui des organismes environnementaux qui intensifient leur pression sur le Groupe des huit pays les plus industrialisés pour l'inciter à adopter des objectifs significatifs de réduction des gaz à effet de serre, soit une baisse de moitié d'ici le milieu du siècle.

Clare Demerse, une analyste pour le Pembina Institute, soutient que l'opposition du Canada à tout accord n'incluant pas les grands pollueurs pourrait freiner les progrès au prochain sommet.

Déjà il existe un gouffre au sein du G-8, entre les pays riches et les pays pauvres, sur le partage du fardeau de la lutte aux changements climatiques.

Cette division s'est manifestée en décembre dernier, aux pourparlers des Nations unies à Bali, en Indonésie, où le Canada s'était aligné sur les États-Unis, le Japon et un petit groupe d'autres pays pour s'opposer à toute mention spécifique de cibles de réduction d'émissions pour les pays développés d'ici 2020.

Selon Mme Demerse, la position du Canada pourrait faire en sorte qu'il se retrouve isolé aux côtés des États-Unis, au sommet du G-8.