Les députés de l'opposition craignent que le gouvernement du premier ministre Stephen Harper se prépare à interrompre les activités parlementaires pour l'été plutôt que de faire face à une enquête sur les allégations de dépenses électorales frauduleuses par le Parti conservateur du Canada (PCC).

Après des mois d'obstruction parlementaire par les conservateurs ayant provoqué le report de l'enquête, le Comité permanent de l'accès à l'information, de la protection des renseignements personnels et de l'éthique de la Chambre des communes doit finalement entreprendre ses audiences, le 15 juillet.

Le directeur général des élections, Marc Mayran, et d'autres responsables d'Elections Canada, organisme indépendant qui a donné l'arme au sujet des présumées irrégularités, doivent être les premiers témoins.

Toutefois, certains membres de l'opposition soupçonnent le premier ministre Harper de vouloir proroger le Parlement, tactique que les gouvernements emploient habituellement lorsqu'ils souhaitent effacer le programme législatif et repartir à zéro avec un nouveau discours du Trône.

«Je crois que la prorogation constitue une menace réelle», a déclaré le député libéral Dominic LeBlanc en entrevue.

«Si vous regardez la façon désespérée avec laquelle ils ont tenté d'empêcher le comité de la procédure et des affaires de la Chambre de se réunir à ce sujet, il est évident qu'ils seront prêts à tout pour camoufler ça», a-t-il ajouté.

Le Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre a été paralysé pendant des mois, l'hiver dernier et au printemps, alors que les conservateurs tentaient de s'opposer aux tentatives faites par les partis de l'opposition afin de lancer une enquête sur les dépenses électorales du PCC.

Toutefois, le conservateur Pierre Poilievre a reproché à l'opposition les problèmes du comité. Selon lui, les conservateurs auraient été heureux de lever le voile sur leurs méthodes de financement électoral si les députés avaient également accepté de se pencher sur les livres des autres partis.

M. Poilievre a dit n'avoir rien entendu au sujet d'une prorogation du Parlement afin d'empêcher la tenue d'audiences sur les dépenses électorales des conservateurs.