Le Parti conservateur a transféré des dépenses de plusieurs milliers de dollars encourues par deux de ses principaux candidats au Québec à d'autres candidats québécois qui disposaient d'une plus grande marge de manoeuvre financière au cours de la campagne électorale de 2006. C'est ce que laisse entendre l'avocat d'Elections Canada.

Le mois dernier, une ancienne responsable des finances du parti a confirmé, dans le cadre d'un examen juridique, que des dépenses du ministre des Travaux publics Christian Paradis et de l'ex-ministre des Affaires étrangères Maxime Bernier avaient été attribuées à d'autres candidats. Mais Ann O'Grady a affirmé que ces dépenses avaient été réparties «proportionnellement» aux autres candidats parce que la firme qui avait placé les publicités à la télévision et à la radio avait facturé MM. Paradis et Bernier plus cher que ce que leurs responsables de campagne avaient initialement prévu.

L'avocate d'Elections Canada, Barbara McIsaac, sondait Mme O'Grady au sujet de dossiers impliquant le paiement de 20 000 $ en publicité dans le cas de M. Paradis, et de 5000 $ dans le cas de M. Bernier.

Ces états financiers et factures - déposés en Cour fédérale en rapport à une affaire de dépenses publicitaires litigieuses de 1,3 million $ de la part des conservateurs - montrent également que MM. Bernier et Paradis n'ont payé qu'une fraction du coût de production des annonces comparativement à d'autres candidats conservateurs.

Les deux hommes sont au nombre des 67 candidats conservateurs dont les dépenses publicitaires sont sous la loupe de la Commission électorale fédérale.

Des agents de certains des candidats ont poursuivi le directeur général des élections, Marc Mayrand, en Cour fédérale, pour leur avoir refusé le remboursement de leurs dépenses à la suite du scrutin de janvier 2006. Selon Elections Canada, elles ne se qualifiaient pas comme des dépenses de candidats locaux. Le comité parlementaire de l'éthique examine aussi la comptabilité électorale des conservateurs, qui aurait permis à l'organisation nationale du PC d'excéder la limite des dépenses de campagne par plus de 1 million $.

La Loi électorale du Canada interdit aux candidats d'absorber ou de partager les dépenses électorales d'autres candidats.