Le ministère canadien de la Défense a oublié dans ses recherches sur d'anciens terrains d'exercices militaires bon nombre d'éléments potentiellement explosifs, selon des rapports gouvernementaux.

Des armes antichar, des obus de mortier et une bombe larguée par les airs de 500 livres ont été retrouvés sur au moins deux anciens terrains militaires qui avaient été préalablement fouillés par le ministère.

Certains explosifs ont été enterrés à peine quelques centimètres dans le sol, selon des documents obtenus par La Presse Canadienne en vertu de la Loi sur l'accès à l'information.

Le ministère de la Défense avait été contraint en 2007 de reprendre son nettoyage du terrain de Tracadie, dans le nord du Nouveau-Brunswick, après la découverte de pièces explosives encore en état par des résidants. Les militaires canadiens avaient utilisé ce lieu de 18 000 hectares durant la Deuxième Guerre mondiale.

«Des munitions encore en état et des débris de munitions ont été retrouvés dans d'autres secteurs qui avaient pourtant été nettoyés», a indiqué un rapport de 2007 sur l'ancien terrain militaire de Tracadie.

Le ministère n'a pas voulu commenter le contenu de ces rapports. Il avait déjà soutenu par le passé qu'il était impossible de déclarer un terrain militaire totalement libre de tout explosif.

C'est le cas de cinq anciens terrains militaires près de Vernon, en Colombie-Britannique, où des armes surgissent encore après deux opérations de nettoyage.

L'ancien soldat et expert en armement, Luc Perron, avait participé à la première opération de nettoyage du terrain de Tracadie. Il a notamment raconté que des travailleurs se trouvaient à quelque 500 mètres les uns des autres pour effectuer des recherches à l'aide de détecteurs de métal.

Mais des portions de territoire entre les travailleurs n'étaient pas fouillées, a-t-il soutenu.

«Il est dur d'évaluer comment l'opération a été menée, mais pour moi, cela n'a pas été fait correctement», a fait valoir M. Perron.

L'ancien soldat a dit croire que des considérations monétaires étaient à l'origine d'un possible laxisme dans l'opération, mais il n'a pas voulu en dire plus, puisqu'il travaille aujourd'hui dans une entreprise chargée de réexaminer certains de ces terrains.

Le ministère de la Défense a engagé un entrepreneur en 2005 pour identifier les terrains pouvant contenir des explosifs. Celui-ci avait identifié 731 terrains, bien que le ministère ait dit croire qu'il y en avait encore davantage.