«Je viens d'une famille catholique qui travaillait la terre dans le Nord; les voisins nous appelaient des culs-terreux. Mon père m'a toujours répété que l'important, c'est le respect que tu te portes à toi-même, et que les autres te donneront toujours des coups de poignard dans le dos pour s'approprier ton travail.»

Cet extrait de l'interrogatoire de Mariano Turrisi illustre le portrait qu'on peut tracer de l'homme qui a allégué qu'il y avait des liens entre Vito Rizzuto et Lino Saputo. Méfiance absolue, mais aussi confiance inébranlable en soi et en ses projets: Mariano Turrisi avait certainement des «rêves», comme il les appelle souvent durant les interrogatoires, de richesse et de célébrité. «Un fanfaron», résume son avocate, Monica Carpinella.

Le numéro zéro de son magazine Made in Italy, 60 pages sur papier glacé, contient des articles sur des designers en vue et même une entrevue avec le prince héritier Emmanuel Philibert de Savoie. Son «rêve», c'était de faire du magazine le lien entre les riches Américains et les entreprises de luxe italiennes. Il avait installé la rédaction du magazine dans la prestigieuse rue Mercedes du centre historique de Rome, à deux pas de Palazzo Chigi, le siège du gouvernement italien.

Né en 1953 à Piedimonte Etneo, en Sicile, Turrisi déménage jeune à Alessandria, dans le nord de l'Italie. Plusieurs fois arrêté et l'objet d'enquêtes en Italie et aux États-Unis, selon un document obtenu par le quotidien économique Il Sole 24 Ore, il a un casier judiciaire vierge à l'exception d'une affaire de moeurs en 1987. Même son arrestation à Milan en 2005 avec un certificat douteux d'une valeur d'un milliard de dollars n'a pas donné lieu à des accusations.

Depuis une demi-douzaine d'années, après la mort d'un de ses fils dans un accident de moto, il a quitté Alessandria pour la Côte d'Azur. C'est un autre de ses fils, bijoutier à Alessandria, qui paye les honoraires de son avocate dans l'affaire Orso Bruno.

Précision sur Lino Saputo

Dans son numéro du 17 juillet 2008, La Presse soulignait que M. Lino Saputo avait été victime d'une histoire de blanchiment d'argent inventée par Mariano Turrisi alors que celuici a reconnu avoir utilisé le nom de M.Saputo à son insu.

Cet article reprenait la conclusion des enquêteurs italiens qui avaient alors fermé définitivement leur dossier sur les dires de M. Turrisi et dont La Presse faisait état dans son édition du 12 décembre 2007.

Dans ces reportages, nous avions pris soin d'indiquer que M. Saputo n'était pas sous enquête. Néanmoins, La Presse reconnaît que certains lecteurs ont pu avoir l'impression du contraire. Nous regrettons les inconvénients causés par cette interprétation.

C'est pourquoi nous tenons à préciser que le nom de M. Saputo n'a jamais figuré au "registre des personnes faisant l'objet d'une enquête" relativement au procès impliquant M. Turrisi. La Presse réitère donc que M. Saputo n'a pas fait l'objet d'une enquête formelle de la police italienne.