En réaction à la flambée des prix de l'essence, Québec mijote un plan d'action d'urgence pour bonifier le service de transports en commun dans la région métropolitaine et ce, dès septembre.

Dans une requête que certains experts estiment sans précédent, le gouvernement Charest a demandé aux quatre grandes agences de transport de la région des scénarios d'augmentation de l'offre de service à très court terme, soit pour la mi-août, a appris La Presse.

Le budget de ce «plan d'action et d'opération» n'est pas encore fixé, mais des sources annoncent déjà que «l'argent sera au rendez-vous, puisque la demande vient directement du bureau de la ministre (des Transports, Julie Boulet)», indique-t-on.

Preuve du sérieux de la démarche, le ministère des Transports a mis sur pied un comité de travail ad hoc comprenant l'Agence métropolitaine de transport ainsi que les sociétés de transport de Montréal, Longueuil et Laval.

Chacune des agences a pour mandat de travailler individuellement à l'élaboration de différents scénarios, tout en travaillant de concert à la mise sur pied de mesures incitatives supplémentaires. En ce sens, une vaste campagne de publicité est déjà en cours de production.

«Nous avons prévu des investissements considérables pour développer le transport en commun sur le long terme, mais nous voulons voir ce qu'il est possible de faire pour bonifier le service aux usagers à court terme», a confirmé le porte-parole de Mme Boulet, Daniel Desharnais.

Dans sa requête aux agences, le gouvernement précise qu'il «souhaite offrir à la population des alternatives à l'utilisation de l'automobile en cette période où l'augmentation importante du coût de l'essence a des effets des plus considérables sur le budget familial de la population».

Aucune des agences n'a voulu détailler publiquement, pour l'instant, les améliorations possibles du service pour la rentrée. Elles souhaitaient d'abord faire parvenir le tout à la ministre.

L'AMT, de son côté, est en négociations avec le Canadien Pacifique et le Canadien National pour ajouter des départs sur ces lignes de train de banlieue. Elle négocie parallèlement avec le New Jersey Transit, dans le but de louer des locomotives et des wagons pour la rentrée.

Affluence en hausse

L'élaboration d'un plan d'urgence fait suite à la hausse du prix de l'essence ou, plus précisément, aux changements de comportements observés depuis que le prix du pétrole a explosé. Toutes les agences de transport ont noté une hausse de leur clientèle au cours des premiers mois de 2008, les automobilistes étant de plus en plus nombreux à délaisser leur voiture pour le transport collectif.

L'affluence de la STM a augmenté de 3 %, ou plus de 4,2 millions de déplacements supplémentaires, au cours des cinq premiers mois de 2008. À Longueuil, la RTL a enregistré une hausse de 4 % des déplacements sur la même période. Et à Laval, la STL a observé une augmentation de 3 % entre avril 2007 et avril 2008, soit 500 000 déplacements de plus.

Le plan de Québec fait également suite à une demande du Parti québécois, qui exigeait à la fin du mois de mai une bonification immédiate du service de transports en commun. Le porte-parole du parti en matière d'environnement, Camil Bouchard, soulignait alors le fardeau financier du prix de l'essence pou0r les familles québécoises.

Le gouvernement Charest a déposé une politique de transport collectif en février 2006, dans le but d'accroître l'achalandage des métros, autobus et trains de banlieue de 8 % d'ici 2012. Cela doit passer par une augmentation du service de 16 % sur la même période.

Selon la ministre Boulet, c'est environ 1 milliard de dollars qui seront investis cette année dans les réseaux de transports en commun du Québec. À terme, quelque 4,5 milliards de dollars auront été déboursés à cette fin.