Les deux principaux défenseurs du projet du CHUM au centre-ville de Montréal ont quitté le navire. Après la démission du ministre de la Santé Philippe Couillard la semaine dernière, c'est au tour du directeur général du CHUM, le Dr Denis Roy, de partir. Il a présenté sa démission, hier, au conseil d'administration de l'hôpital. Ce nouvel épisode du CHUM pourrait ouvrir la voie à une relance du débat sur l'emplacement du futur hôpital universitaire.

La démission du Dr Roy prendra effet dans quelques jours, le temps que les modalités de son départ soient déterminées. D'ici là, il sera en congé. C'est le directeur général associé du CHUM, Serge Leblanc, qui assurera la gestion courante des opérations du CHUM en attendant qu'un nouveau directeur général soit trouvé.

Réuni en assemblée spéciale hier soir, le conseil d'administration du CHUM a été avare de commentaires sur la démission du Dr Roy. Mais déjà le nom du Dr Henri Elbaz, ancien directeur général de l'Hôpital général juif, circule comme possible successeur du Dr Roy. Depuis quelques mois, le Dr Elbaz était conseiller spécial aux urgences du CHUM.

Un autre pépin

La démission du Dr Roy est un nouveau pépin dans l'épineux dossier du CHUM. Depuis plusieurs mois, une crise touche les urgences de l'hôpital. La pénurie de personnel y est criante.

À un point tel que les urgences de l'Hôtel-Dieu seront fermées durant la nuit cet été à partir du 6 juillet.

De plus, la construction du futur superhôpital piétine. La semaine dernière, la Fondation canadienne pour l'innovation (FCI) a refusé d'accorder le financement prévu pour le centre de recherche du CHUM en affirmant que la gestion de l'hôpital était trop chaotique.

Depuis, les critiques envers le Dr Roy ont fusé. Le nouveau ministre de la Santé, Yves Bolduc, devait rencontrer le Dr Roy cette semaine pour faire le point sur la situation. Mais le Dr Roy a donné sa démission, hier.

Un débat sur le site?

En quittant le CHUM, le Dr Roy laisse planer des doutes sur l'avenir du projet du superhôpital qui doit se construire sur l'actuel site de l'hôpital Saint-Luc au centre-ville. Le Dr Roy et l'ex-ministre Couillard, tous deux démissionnaires, étaient les principaux défenseurs du projet du CHUM au centre-ville.

D'autres personnes auraient préféré que le CHUM soit construit près de l'Université de Montréal, à la gare de triage d'Outremont. Le Dr Roy et M. Couillard n'étant plus mêlés au projet du CHUM, le débat sur l'emplacement du futur hôpital risque d'être relancé, estiment des sources informées.

À ce sujet, la Fédération des médecins spécialistes du Québec (FMSQ) lance cette semaine un sondage auprès de ses 1000 membres qui travaillent au CHUM. «Nous allons les sonder sur leur satisfaction à l'égard du dossier du futur CHUM. Nous allons particulièrement les questionner sur la localisation et l'ampleur du projet», affirme le président de la FMSQ, le Dr Gaétan Barrette, qui qualifie le dossier du futur CHUM d'«obscur».

Depuis le début du projet du futur CHUM, la FMSQ souhaite ouvertement que le nouvel hôpital soit construit à Outremont. Si le sondage de la FMSQ conclut que la majorité des médecins spécialistes du CHUM dénoncent la construction du CHUM au centre-ville, la FMSQ n'écarte pas l'idée de relancer le débat sur l'emplacement de l'hôpital. «On sonde nos membres pour avoir un signal de départ. Si la majorité est en désaccord avec l'emplacement actuel, j'irai de l'avant. Mais si la majorité est d'accord avec le CHUM au centre-ville, on ne fera rien», dit le Dr Barrette.

Le sondage de la FMSQ sera mené par une firme professionnelle et se terminera à la fin du mois de juillet. «On veut savoir si nos membres veulent qu'on intervienne ou non dans le dossier du CHUM», conclut le Dr Barrette.